Rien à l'horizon du visa, et j'accumule les moments d'attente frustrante qui alternent avec ceux de désespoir profond. Non pas que cela justifie une complaisance dans la déprime, mais parfois il est réellement très dur de ne pas savoir quand je vais partir. Lewisburg, Pennsylvanie centrale : promis, j'arrive bientôt. Même s'il y a de bons moments -les vacances en Espagne, ou encore les instants partagés en famille-, l'inquiétude grandit à mesure que les semaines passent. Vais-je rater Thanksgiving cette année ? Vais-je aller fêter ce super mariage à la mode de la Nouvelle-Orléans ? Vais-je rester ici pour Noël ? Peut-on rancir de désespoir ? (ou même moisir en restant ici ?)
Je n'ai malheureusement de réponse à aucune de ces questions, et je suis sans cesse taraudée par l'impatience. Aujourd'hui un petit garçon en soutien scolaire m'a dit que "l'anglais c'est de la merde, ils sont tous cons ces anglais, d'ailleurs moi je préfèrerais apprendre l'espagnol car j'aime bien le Real Madrid". Ben me v'là bien avancée avec ça : je suis mariée avec un con et je parle (ou j'essaie de parler) une langue de merde. Et dire que j'étais si fière de parler un peu mieux la langue de Shakespeare et d'Hemingway. Mieux vaut en rire, et ça au moins ça ne me fait pas pleurer.