Ceci pourrait être l'histoire d'une orthophoniste française qui voulait à tout prix exercer son cher métier aux Etats-Unis. La fille en question serait courageuse et découragée, prête à tout mais pas à n'importe quoi quand même, tenace, pugnace mais pas obstinée. Si cette histoire était vraie, elle serait bien loin du conte de fée, même si le prince américain constitue bien le commencement de l'histoire. Pour réaliser l'adage "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", il faudrait que la princesse ne soit pas mère au foyer sans enfants, avec une vie professionnelle désuète et une perspective de baby-sitter sous payée comme possible carrière. Pour ce faire, la princesse se lancerait dans une procédure d'équivalence de diplôme qui se révèlerait être une véritable impasse. Ensuite, sans baisser les bras, elle déciderait de refaire le master d'orthophonie aux Etats-Unis, histoire de concrétiser son rêve. C'est là qu'on pourrait introduire un personnage de vieille sorcière au menton en galoche, qui ferait son possible pour lui pourrir la vie. Cette horrible sorcière existe, et symbolise les innombrables et horripilantes démarches administratives à l'américaine. Pour entrer en master, il faut passer un examen tout pourri qui s'appelle le GRE. Cet examen comprend plusieurs épreuves, dont une partie plus ou moins littéraire, avec une critique de texte et une mini-dissertation, et des questions de vocabulaire jamais usité, et une partie mathématique, avec des questions niveau collège, voire seconde. Jusque là, pas de problème. Le hic, c'est que cet examen n'est absolument pas adapté aux étrangers, et qu'il n'est pas si facile d'obtenir de bons scores (notamment dans la partie littéraire). Même en ayant étudié le latin, le grec, et l'allemand, même en ayant un bon niveau de vocabulaire en français, rien ne me garantissait un bon score dans ce domaine. J'ai donc passé ce fameux et détestable GRE la semaine dernière, et ô surprise : mes résultats ne sont pas si bons. Ou plutôt pas si mauvais. Le système de notation a changé, et les scores correspondent à un percentile qui permet de se situer par rapport aux autres candidats. Au final, j'ai obtenu un score verbal de 370 (26ème percentile, je ne me roule pas par terre de joie), et un score quantitatif de 670 (61ème percentile, voilà qui est beaucoup mieux). Mon score total est supérieur à 1000, qui me permet d'atteindre le minimum requis pour postuler à la plupart des masters aux Etats-Unis, et être admise un jour (soyons fous !) en thèse. Il me reste maintenant à poursuivre le reste des démarches administratives pour postuler en master, notamment collecter mes lettres de recommandation et les traduire. Rien ne m'arrêtera, pas même ce GRE. Le master me tend les bras, je fonce tête baissée. Quoi qu'il arrive, la sorcière et son menton en galoche n'auront pas ma peau.