Je me prépare petit-à-petit à cette interview qui devrait terminer la procédure de demande de visa. Les journées s'enchaînent et j'ai finalement du mal à croire que je vais partir dans moins de trois semaines maintenant. Après une si longue attente, c'est presque irréel de penser à mon grand départ et j'ai vraiment du mal à réaliser que tout va rapidement se concrétiser.
Que de temps passé à attendre, à espérer ardemment des nouvelles des diverses instances administratives américaines ! Que d'espoirs déçus, de fausses bonnes nouvelles et d'impatience anxieuse ! Je finis presque par imaginer que quelque chose ne va pas bien se passer, que le visa n'arrivera en temps et en heure pour que je parte comme prévu, que cette chère administration américaine pourrait encore trouver un petit cheveu qui cloche quelque part. Et pourtant : je prépare cette ultime étape comme un examen, je "révise" les pièces à fournir, de façon presque psychotique et obsessionnelle chaque jour, et je procède au décompte des jours restants. Dans une attitude très portée vers les encouragements d'autrui, qui m'ont beaucoup soutenue depuis six mois, j'ai malheureusement retenu les questionnements inquiets de certains, qui, ça c'est sûr, ne font pas trop avancer le schmilblick. "Mais tu es sûre que le chronopost ne va pas se perdre ?" "C'est pas un peu juste de planifier ton départ juste dix jours après ton interview ?" "Et alors imagine si jamais il te manque encore un papier, tu vas devoir changer ton billet d'avion ?" Et là j'ai juste envie de répondre, narquoise et énervée : "Everything's gonna be all right". Aucune tentative de renforcement de mon inquiétude (incroyablement démesurée) ne prendra. Je dresse un véritable barrage envers toute pensée négative qui pourrait accompagner cette dernière ligne droite. Car c'est sûr : si tout va bien se passer, ce sera sans doute encore mieux que je me l'imagine.