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lundi 25 mars 2019

Lyon


La vie d'expatriée est faite de distance, de fuseaux horaires, de bagages, de voyages et d'accoutumance relative à l'éloignement familial. Ce jusqu'à ce que le destin ne s'en mêle et n'oriente nos projets de vie d'une façon un peu plus française. Cet été, nous prenons officiellement la direction de Lyon ! Logan va être chercheur invité au Collegium et nous aurons donc la possibilité de revenir à notre vie sur le vieux continent. A nos yeux, Lyon est bien plus qu'une très belle ville. C'est la ville où nous nous sommes rencontrés, où nous avons pris notre premier appartement (pas moins de 6 déménagements depuis !), et où nous nous sommes mariés. C'est donc un véritable retour aux sources qui nous attend. Je ne rêve depuis cette grande nouvelle que de flâner dans le vieux Lyon, d'arpenter les pentes de la Croix-Rousse, de monter à petites foulées à Fourvière, d'errer sur les quais de Saône, de s'aventurer jusqu'à Bellecour et de finir par un bon repas dans un véritable bouchon. Un saucisson brioché, une salade lyonnaise (et son oeuf poché se répandant sur de véritables lardons grillés), et une part de tarte aux pralines plus tard, il serait alors temps de s'arrêter acheter un gros sac de pognes pour la route, et de poursuivre la promenade par des coins tout aussi charmants. J'irais voir le nouveau quartier de la confluence, qui n'était qu'à l'état d'ébauche à notre époque lyonnaise, et je testerais les nouvelles lignes de tramway. Je pousserais jusqu'à Grange Blanche, histoire de faire un petit coucou à mon ancienne université, et je remonterais la rue du Professeur Florence où j'ai habité trois ans. De là,  je marcherais jusqu'à la Guillotière, quartier plus populaire et plus diversifié, et j'essaierais de retrouver la porte de l'"Auberge Espagnole", Place Péri, où mon homme a vécu dans un multilinguisme franco-anglo-italien, bercé d'un soupçon de langue française des signes et d'une bonne dose de franche camaraderie. De là, j'irais saluer les girafes du Parc de la Tête d'Or, le tout en empruntant les quais piétons, et je finirais par un verre en fin de journée sur l'une des nombreuses péniches sur le Rhône. Et tandis que je pense à Lyon, je pense aussi à ce que nous allons faire de la maison en Floride, de nos meubles, et de ce que l'on va pouvoir emporter dans nos bagages. Et bizarrement, cette fois-ci me semble plus facile. Après de nombreux allers-retours entre les Etats-Unis et le vieux continent, je sais qu'il est difficile mais tout à fait possible que de faire tenir sa vie dans deux fois vingt-trois kilos de valises...



vendredi 22 mars 2019

Spring has sprung


Le printemps est arrivé, le soleil est au rendez-vous, et le spring break commence ce soir. Autant de bonnes raisons de se réjouir, car une petite pause dans la monotonie et l’enchaînement des séances de rééducation, les réunions et la paperasse, s’avère la bienvenue. J’ai une semaine bien chargée qui m’attend, entre les rendez-vous médicaux des uns et des autres (kiné pour moi, médecine du sport, première visite chez le dentiste pour Amaury), la préparation de sa fête d’anniversaire le week-end prochain (quand son père sera finalement dans les parages après un mois intensif de voyages professionnels ), et d’autres projets nettement plus exciting comme du jardinage, des mini-grasses matinées (jusqu’à sept heures, n'oublions pas que j'ai un rejeton de trois ans), de la pâtisserie, et un peu de farniente bien mérité. Le temps a décidé d’être particulièrement agréable, avec des températures un peu fraîches mais ensoleillées (entendons-nous bien, la notion de fraîcheur est toute relative à Miami qui connaît un climat subtropical !). C’est aussi la saison des goyaves, et pour la première fois cette année j’ai réussi à en trouver qui soient juteuses, sucrées, et qui embaument la cuisine et le reste du salon par leur simple odeur. Les goyaves sont une véritable madeleine de Proust pour moi : elles me rappelleront toujours les goyaves mangées en Guadeloupe pendant mon enfance, une sorte de fruit miraculeux à mi-chemin entre la fraise et la poire, qui est resté très longtemps mon fruit préféré même si je n’en ai réellement pas mangé pendant au moins vingt ans. Amaury a fêté son anniversaire à la crèche hier, et ce presque en grandes pompes. Un pizza lunch et des cupcakes maison étaient de la partie, et j’ai récupéré le soir un petit Loulou surexcité qui n’avait pas fait la sieste et qui était bien impatient d’ouvrir son cadeau. Aujourd’hui du coup c’est à mon tour que de vieillir d’un an, et je bénis les activités spéciales qui se déroulent à mon école et qui me donnent du répit dans mon planning. Entre les absents, nombreux à la veille des congés scolaires, les excursions et le pep rally qui s’étale sur toute la journée, le rythme est beaucoup plus lent. D’ailleurs en parlant de mon âge, qu’on se le dise. Je suis restée bloquée à 29 ans. Depuis un petit moment déjà. Et je compte bien y rester ancrée quelques années, avant bien entendu de rester bloquée à 39 ans...




mercredi 13 mars 2019

Miami Seaquarium

Flipper le dauphin (le vrai) et ses congénères de captivité 
Depuis bientôt trois ans que nous sommes à Miami, nous n’avions encore jamais eu l’occasion d’aller visiter le seaquarium. Profitant d’une entrée gratuite lors du week-end dernier, j’y ai emmené Amaury pour un petit saut de puce. Je me réjouissais d'une sortie maman-fiston, mais, j’ai été passablement déçue. Tout d’abord, le concept des animaux en captivité ne me sied pas tellement. Ensuite, les entrées sont beaucoup trop onéreuses pour la visite proposée (10$ de parking, 47.99$ l’entrée adulte et 37.99$ pour les enfants de 3 à 9 ans). La moitié du parc était fermée, et notamment celle de l’aire de jeux de pirates, dont Amaury se réjouissait tout particulièrement. Nous avons vu certes de nombreux animaux de près, mais le lieu faisait plus « attrape-touriste » que parc dédié au bien-être animal. Pourtant, en toute contradiction,  j’adore le zoo de Miami, où les animaux sont dans de grands espaces, et où l’on a vraiment l’impression qu’ils sont en liberté. Le seaquarium était juste un peu triste, avec des dauphins à qui l’on fait faire des tours et des acrobaties, et qui sont en permanence récompensés par des poissons à manger. Cabrioles contre nourriture, non vraiment, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Amaury a pourtant vu de près des lamantins (aussi gigantesques, inoffensifs, que menacés dans leur espace naturel), des phoques et autres lions de mers, des orques et des animaux qui ne vivent pas dans l’océan (de magnifiques perroquets notamment). Il n’en reste pas moins qu’Amaury n’a retenu de la visite qu’une seule sorte d’animal local : les fourmis rouges. Demandez-lui ce qu’il a vu au Miami Seaquarium, et il ne vous répondra pas qu'il a touché de ses propres mains des dauphins, des poissons de roche et des raies. Non, il vous dira très sérieusement qu'il y a vu de grosses fourmis. Comme quoi, l’intérêt des enfants est souvent porté sur des éléments inattendus...

Un lamantin

samedi 2 mars 2019

Homo homini lupus


Il serait bien trop long de détailler les dernières frasques de notre puppet president, mais l’heure est grave. J’ai dans mon école un petit élève porteur de handicaps dont les parents vivent illégalement aux États Unis. Lui, né ici, possède la nationalité américaine, mais pas sa mère. Elle est venue à pieds d’Amérique du Sud pour fuir la violence et la pauvreté de son pays d’origine. Depuis 13 ans, elle travaille, elle élève ses enfants et elle paye ses impôts comme tout un chacun. Pourtant, arrêtée par un banal contrôle de police, elle est maintenant sous le coup d’un arrêté d’expulsion. C’est là que le bât blesse : l’élève mineur a le droit de rester, mais sa mère doit partir. Aucune considération n'est faite de son handicap. Bientôt, et si rien n’est fait, cette maman de deux enfants va être renvoyée chez elle à des milliers de kilomètres, et mon petit élève va rester tout seul, dépossédé de sa famille, et placé dans un foyer ou dans une famille d’accueil, qui eux vont devoir gérer ses handicaps. Quelle humanité y-a-t-il à séparer les enfants des parents, juste sous prétexte de titre de séjour et de nationalité ? La société (et nos impôts accessoirement) vont devoir payer et subvenir aux besoin de cet enfant différent, alors même que sa maman s’en est très bien chargé jusqu’à présent. En France, la loi est très stricte, on met allègrement des migrantes enceintes dans des camps de rétention, on laisse couler des canots pneumatiques pleins d'être humains sur la Méditerranée, mais on ne peut pas (fort heureusement) séparer des parents de leurs enfants. C’est bien évidemment contraire à toutes les lois internationales qui établissent les droits des mineurs. L'homme est un véritable loup pour l'homme, et surtout aux Etats-Unis. Dans le même temps, Trump s'évertue  inlassablement à poursuivre ses aspirations de mur entre la frontière américaine et mexicaine. Comme si cet argent ne pouvait pas plutôt être investi dans quelque chose de véritablement utile (écoles, hôpitaux, maisons de retraite, routes, ponts, musées et autres infrastructures). Dans tous les cas, il est vraiment temps que cet affreux papi sénile rentre chez lui. L’heure de la retraite forcée a sonné. Trump doit être destitué. Et d’ici là, mon école se mobilise pour mon petit élève dont la mère est expulsable. J'ai écrit une lettre de soutien, et je suis prête à aller manifester s'il le faut. Et je croise les doigts pour qu’on l’autorise à rester et à régulariser sa situation...