Conduire sur le continent américain n'est pas censé être difficile, surtout lorsqu'on a déjà testé les petites routes tortueuses de la campagne française. Ici, tout est large, pratique, et démesuré. La seule différence est constituée par la taille des voitures et des véhicules en général : les camions sont énormes, pas de Twingo à l'horizon mais de nombreux 4x4 et autres camionnettes. Si l'on parvient à respecter les limitations de vitesse, ce n'est qu'après avoir compris la notion de mile/heure. Un mile correspond à 1,6 kilomètre, donc quand on roule à 45 miles/heure, on est à peu près à 70 km/h. J'ai obtenu mon permis de conduire de Pennsylvanie, après quelques complexités de procédure, et deux visites au PennDOT à un mois d'intervalle. Comment cela-fonctionne-t-il ?
Seuls quelques états des Etats-Unis donnent l'équivalence avec le permis de conduire français, pour tous les autres il faudra repasser le code et le permis (ça craint, c'est certain). Ainsi, heureux soient les nobles résidents des états de Pennsylvanie, Caroline du Sud, Colorado, Connecticut, Delaware, Floride, Illinois, Kansas, Kentucky, New Hampshire, Ohio, et Virginie qui se verront automatiquement proposer l'échange de permis français contre un permis américain. La condition ? Avoir suffisamment de points. Concrètement, il faut se rendre au centre des permis de conduire le plus proche de chez soi (le DMV) et apporter :
- son permis français (cela va de soi !)
- deux preuves de résidence qui mentionnent l'adresse
- sa carte de sécurité sociale (Social Security Number)
- un chéquier (ils ne prennent pas le cash)
- son passeport
- sa carte verte/son visa
L'agent de service nous fait remplir un formulaire, copie tous les documents nécessaires, et faxe le permis français aux services consulaires pour vérifier son authenticité. Théoriquement, cela prend quelques jours. Dans la pratique, pour moi ça a été beaucoup plus long. Puis, à la deuxième visite, on rapporte tous les documents précédemment cités (entre-temps le permis et ses points ont été vérifiés), on signe deux ou trois paperasses, on passe le test visuel, et on repart avec un permis américain ! (provisoire, le temps de recevoir le vrai par la poste). Le permis américain (
ID) est un sésame pour prouver son identité. Il tient lieu de carte d'identité, permet de voyager aux USA sans passeport, d'acheter des l'alcool, et de rentrer dans les bars (difficile de frauder avec ça, sauf si bien sûr on a un faux permis, comme beaucoup d'adolescents américains...car ici boire n'est pas permis avant 21 ans !). De plus, le permis mentionne, si on le souhaite,
organ donor (donneur d'organe).
Reste à adopter une conduite assez sérieuse en ce qui concerne les limitations de vitesse, on ne rigole pas avec ça ici. De plus, il ne faut jamais essayer de "marchander" avec un policier, non seulement ça ne marchera pas mais en plus il peut nous créer des ennuis supplémentaires. Petit truc à savoir : lorsqu'un policier nous arrête il ne faut pas bouger de la voiture et il faut laisser les deux mains sur le volant (en attendant qu'il vienne à la fenêtre nous donner d'autres instructions). Dans un pays où le port d'armes est autorisé, tout mouvement des mains peut être mal interprété, donc mieux vaut engluer ses deux mains sur le volant sans en bouger. Concernant le code de la route, rien n'est vraiment différent, sauf quelques petites subtilités que je vous laisse apprécier :
- le 4-way stop : un carrefour à quatre branches où chaque voie a un stop. Tous le monde s'arrête au stop. Le premier à repartir est le premier à être arrivé. En cas de doute, c'est la priorité à droite qui prévaut. C'est assez perturbant au début, surtout lorsqu'il y a beaucoup de circulation, mais on s'y fait...surtout que les américains ne grillent pas la priorité en général. En France, ce sera un beau bazar si l'on avait des règles comme ça !
- le turn/no turn on red : à un feu rouge, sauf indication "no turn on red" (et dans certaines villes), on peut en toute légalité ne pas s'arrêter au feu rouge lorsqu'on tourne à droite. Je rigole à chaque fois que cela m'arrive : j'ai l'impression de frauder en toute légalité !!!
- le bus scolaire : un bus scolaire à l'arrêt, avec ses lumières clignotantes, constitue une vraie spécificité du code de la route américain. Ainsi, non seulement il faut s'arrêter derrière lui (à au moins 100 mètres), mais aussi dans le sens opposé (à au moins 100 mètres). Donc concrètement il ne faut jamais doubler un schoolbus, mais il ne faut pas non plus le croiser lorsqu'il est à l'arrêt. Et il faut tenir ses distances d'une manière générale.
Il ne me reste plus qu'à arpenter les rues de Pennsylvanie avec mon nouveau permis tout neuf et notre vieille Pontiac Bonneville de 1992 (que l'on a "empruntée" provisoirement pour l'année à venir). Chacun sa route, chacun son chemin...