Troy Davis a été exécuté cette nuit. Cet américain, noir, de Géorgie, avait été condamné à mort après le meurtre d'un policier blanc en 1989. Après avoir passé près de la moitié de sa vie dans les couloirs de la mort, il a donc reçu une injection létale, bien que sa culpabilité ait été mise en doute depuis longtemps. Sans preuve matérielle, avec de nombreux témoins qui se sont rétractés, un suspecté faux témoignage du médecin légiste, cet homme de 42 ans est la victime d'un système cruel où l'adage oeil pour oeil, dent pour dent est loin d'avoir disparu. La peine de mort (et la torture psychologique qui en découle, après les années passées à attendre une fatale sentence), est un système cruel et archaïque, qui me rappelle vaguement les pratiques moyenâgeuses, où le condamné à mort était exécuté en public, après un procès souvent partial où des enjeux politiques (et raciaux) entraient souvent en compte. Ce grand pays riche et développé que sont les Etats-Unis n'en a donc pas fini avec ces pratiques d'un autre temps, qui rendent irréparables les erreurs judiciaires, et qui indignent tout simplement des milliers d'américains. Car Troy Davis est devenu le symbole du combat contre la peine de mort, son cas soulevant l'indignation aux États-Unis et par-delà les frontières. Comment peut-on assassiner un homme, au seul prétexte que l'on suspecte (et que l'on prouve, par une justice partiale et raciale) que lui-même a commis un crime ? Cela revient à soi-même tuer pour punir un tueur. Soi-même agir par un acte que l'on juge répréhensible. Soi-même s'élever au rang de meurtrier. Quelques chiffres : trente-quatre états des Etats-Unis sur cinquante rendent possible la peine de mort. Le Texas arrive en tête loin devant, suivi par la Virginie, l'Oklahoma, la Floride, le Missouri, l'Alabama et la Géorgie. Si l'injection létale est souvent choisie, d'autres moyens tout aussi cruels sont employés, comme la chambre à gaz (appliquée en 1999 en Arizona), la pendaison (appliquée en Janvier 1996 dans le Delaware) ou la chaise électrique (appliquée en 2010 en Virginie). Certains états qui ont légiféré en faveur de la peine de mort, ne l'appliquent cependant plus depuis 1976 (le Kansas, et le New Hampshire notamment). La majorité des exécutions ont lieu dans le sud des Etats-Unis. Certains prisonniers ont finalement renoncé aux recours judiciaires, préférant être exécutés. Cela s'explique par la longueur des années passées dans le couloir de la mort, qui constituent une véritable torture psychologique non digne d'une démocratie libérale. Il reste que la Pennsylvanie n'a pas non plus aboli la peine de mort, dont la dernière exécution remonte à 1999. Pire, les Etats-Unis sont loin d'être le seul état à appliquer la peine capitale, avec la Chine loin devant, qui exécute chaque année plusieurs milliers de prisonniers. Rappelons-nous que la France, il n'y a pas si longtemps, a exécuté son dernier condamné (1977), avant de légiférer et d'abolir la peine capitale en 1981. Trente ans, ce n'est pas si vieux...
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