En tant que Maman et orthophoniste, j’ai la chance d’être formée et informée sur les bénéfices et les risques associés à l’utilisation d’une tétine pour son enfant. Je ne peux donc pas commencer cet article sans partager l’évolution de mon point de vue sur la question, qui est assez facile à résumer. Avant, j’avais des principes ; maintenant je suis Maman. Et oui, car entre mon idéal dans un monde tout beau tout parfait et la réalité de la parentalité se niche un écart vertigineux et difficilement réconciliable. Alors avant de partager ma propre opinion et mon expérience, il est (sans doute) utile de partager un peu de faits scientifiques. Fait scientifique numéro un : certains nourrissons ont un besoin intense de succion. Et en parlant de besoin, je devrais plutôt parler de réflexe. La succion fait partie des réflexes archaïques, au même titre que le fouissement, la déglutition, et l’agrippement. Il faut distinguer la succion dite nutritive (alimentaire) où l’enfant s’alimente au sein ou au biberon avec de longues salves sans lâcher le sein ou le biberon avec une déglutition à chaque succion, de la succion non nutritive (doigts, sein, tétine, doudou ou autre moyen de compensation) où l’enfant fait du tétouillage sans boire. Dans ce second cas, les mouvements de succion sont plus rapides, sans amplitude, en salves brèves séparées par de longues pauses. L'enfant déglutit alors rarement et en dehors de toute sensation de faim. Lors de la succion non nutritive, le bébé sécrète des endorphines, améliorant bien être, sommeil et apaisement. Et là tous les bébés sont différents : certains n’auront que peu besoin de tétouiller tandis que d’autres, parfois dans des contextes de reflux, coliques, ou autres difficultés médicales, auront beaucoup besoin de la succion non nutritive pour se calmer. Fait scientifique numéro deux : il existe des données discordantes (donc non concluantes) en ce qui concerne le risque de confusion sein/tétine chez les bébés allaités et son impact sur la longueur de l'allaitement. Deux études publiées en 2006 (à retrouver ici et ici) ont observé qu’une exposition précoce à une tétine conduit à l’arrêt de l’allaitement exclusif entre l’âge de 3 et six mois et à l’arrêt complet de l’allaitement à un an. Mais d’autres études plus récentes n’ont montré aucune différence significative entre les durées d’allaitement des enfants avec et sans tétine (à lire ici et ici). Et les auteurs précisent qu’au vue de ces résultats, les parents ne devraient pas être ni encouragés ni découragés à utiliser une tétine, mais faire leur choix en fonction de leurs préférences personnelles. Fait scientifique numéro trois : l’utilisation d’une tétine réduit le risque de mort subite du nourrisson dans certains cas (voir cette étude ici). Sachant que d’autres facteurs sont préconisés pour réduire ce risque, comme de coucher son enfant sur le dos et de ne pas trop le couvrir. Fait scientifique numéro quatre : l’utilisation prolongée d’une tétine au-delà de l’âge de deux ans augmente le risque de déformation de l’articulé dentaire, pouvant conduire à des problèmes d’articulation, d’occlusion et autres conséquences oro-myo-fonctionnelles. Certains travaux mentionnent aussi que dans certains cas, l’utilisation d’une tétine après l’âge de quatre mois peut augmenter le risque d’otite et de candidose. Cela veut donc dire qu’il n’y a pas de contrindications à l'utilisation d'une tétine pour les nouveaux-nés mais que le problème se situe plus tard ou au moment du sevrage. Ce qui m’amène à mon dernier point : mon expérience de maman orthophoniste avec deux enfants accros à leur tototte pour s'en débarrasser une bonne fois pour toutes. Ah là là, en 2016, pendant ma première grossesse, en observant les injonctions parentales et les discours clivés qui existent entre les pro et les anti-tétines, j’avais idéalement fait mon choix. J’étais profondément anti-tétine. J’avais lu que cela aller ruiner mon allaitement, en induisant une confusion avec le sein, que mon enfant aurait des difficultés de prononciation, que mon allaitement en serait raccourci, bref que c’était la fin de monde –littéralement- que de proposer une tototte à mon bébé. Quand mon grand est né, j’étais donc fondamentalement anti-tétine. Plus qu’un idéal ou un principe, c’était un dogme. J’avais lu, j’avais (soi-disant) tout compris, je connaissais beaucoup de choses, donc je pensais que je prenais les meilleures décisions (même dogmatiques) pour mon enfant à naître. Et puis, mon grand est né, un poil plus tôt, avec un frein restrictif de lèvre, une succion peu mature, des coliques, et j’ai commencé avec conviction sans tétine aucune. L’allaitement a été un enfer (crevasses, engorgements, réflexe d’éjection fort, difficulté de prise du sein… j’ai tout vécu ou presque). Si l’on ajoute à cela un bébé qui tétait toutes les demies-heures, qui ne cumulait que quatre à cinq heures de sommeil par vingt-quatre heures (et par petites tranches de vingt minutes sinon ce n’est pas drôle), et qui hurlait à la mort le reste du temps, ma pauvre santé physique et mentale s’est retrouvée sérieusement menacée. Je défie quiconque en douterait d’essayer de ne pas dormir pendant six semaines pendant plus de vingt minutes à la fois et de côtoyer un bébé hurlant vingt heures sur vingt-quatre, et l’on en reparle. Bref, au bout d’un bon mois, mes dogmes de maman se sont retrouvés démolis. Et lorsque j’ai proposé à contrecoeur une tétine, il n’en a pas voulu. J’étais au bout du bout de ma vie. Il a donc fallu l’habituer progressivement à cette tétine, ça qui a été très laborieux mais qui a (un peu) amélioré le sommeil (et surtout a fait cesser les hurlements constants). Quelques années plus tard, pour ma seconde, je ne suis pas passée par quatre chemins. Puisque ça m’avait sauvée en apaisant mon grand, je n’ai pas hésité à lui proposer aussi une tétine (que j’avais déjà dans la valise de maternité) et ça n’a eu aucune conséquence sur le démarrage de mon allaitement (elle tétait comme une championne toutes les trois heures) et elle a dormi plutôt mieux. Bref, à ce moment-là, j’étais officiellement devenue pro-tétine. Comme quoi seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis et surtout, comme quoi l'on est jamais totalement préparé à la réalité d'être parent. Alors au final, comment se débarrasser d’une tétine encombrante lorsque notre enfant grandi ? Comment arriver à éliminer cet objet qui est aussi addictif que de la cocaïne? Comment dépasser cette addiction si l’enfant ne s’en détourne pas seul ? Je vais détailler ce qui a marché pour nous, sachant que chaque enfant est différent et que ce qui fonctionne chez l’un ne fonctionnera pas nécessairement chez l’autre. A mon sens, certains pré-requis sont nécessaires. Idéalement, il faut déjà être vraiment motivé. Si c'est un processus anxiogène, que le contexte ne s'y prête pas, mieux vaux retarder ce sevrage. En outre, il faut commencer à éliminer auparavant toute autre succion (biberon, verre à bec) en les remplaçants par des verres traditionnels ou des contenants avec paille. Une fois que seule la tétine reste à disposition, il faut limiter son usage aux moments d’endormissement (sieste ou nuit) sans qu’elle ne soit accessible en journée. Et puis, il faut privilégier le remplacement de la tétine par un autre objet rassurant (doudou, anneau de dentition…). Pour Amaury, à l'âge d'un peu plus de deux ans, j’ai acheté un machouyou à mastiquer pour remplacer la tétine. La tétine a disparu définitivement et je lui ai présenté ce masticateur comme une « tototte de grand ». Il a chouiné un peu (beaucoup) au moment des siestes et des couchers du soirs, mais en une semaine (en réussissant à ne pas craquer) c’était réglé. Pour Joséphine, ça a été nettement plus compliqué. Déjà l’urgence se faisait sentir car outre ses difficultés (mineures) d’articulation, une béance dentaire commençait à apparaître depuis l'été (presque à deux ans) et il ne fallait pas trop tarder à agir. Son addiction à la tétine était assez prégnante, conduisant à des colères terribles si on la lui ôtait. Mais son besoin de mastication lors des poussées dentaires a progressivement pris le dessus. Puisque sa tétine s’est retrouvée trouée à divers endroits suite à ses mâchouillages, j’ai progressivement coupé avec des ciseaux les petits morceaux flottants pouvant être ingérés, et j’ai entrepris un processus progressif de rétrécissement de la tétine, jusqu’à n’en faire qu’un objet inutile pour la succion. La pauvre tototte s’est donc retrouvée scalpée avec une coupe de plus en plus courte, le tout sur quelques jours et en galérant franchement au moment des siestes et du coucher. Au final, après une bonne semaine sans succion, l’enfant s’en désintéresse et l’on peut jeter les pauvres reliquats de tétine à la poubelle sans que cela déclenche un drame. Nous sommes maintenant finalement une maison sans tétine, et je dois avouer que je n’étais pas sûre de pouvoir parier sur la question. Bref, je suis soulagée de deux choses. La première, bien sûr, c’est d’avoir réussi à dépasser mes dogmes pour véritablement choisir ce qu’il y a de mieux pour ma propre situation et pour mes enfants. Après tout, cette histoire d’endorphines et de succion non-nutritive m’a beaucoup aidée à voir la tétine comme un outil favorable au bien être de mes rejetons, et pas forcément un objet du diable sujet de toutes les discussions. Et puis la seconde, c’est de réussir véritablement à se séparer de la tétine, sans gros drame, sans traumatisme, et avant que mes enfants n’aient treize ou quatorze ans. Du coup, je souhaite bien du courage aux autres parents, et ce bien évidemment quels que soient leurs choix. Un jour, dans tous les cas, nos enfants partiront faire leur vie ailleurs et je doute fortement que la tétine ne fasse toujours partie de leur routine quotidienne…
Du Jura à Miami : récit d'une formidable expatriation
Chroniques franco-américaines d'une petite frenchy au pays de l'oncle Sam
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mercredi 16 novembre 2022
mercredi 19 octobre 2022
L'automne à Paris
Les feuilles des arbres ont revêtu leur costume rouge orangé et les températures ont largement fraichi. Je n'avais pas vécu de véritable automne depuis notre année à Lyon, et je dois dire que j'apprécie les journées fraiches et ensoleillées (quoique parfois pluvieuses) du mois d'Octobre. Je dois aussi malheureusement avouer à demi-mot que j'ai très souvent froid, alors même que nous sommes encore loin d'être en hiver. Il faut pour cela blâmer l'absence notable de températures tropicales, qui, soyons honnête, me manquent un peu. Pourtant, cet automne à Paris est très agréable. J'ai eu l'occasion d'emmener les enfants visiter notre belle capitale, à pied, en bateau-mouche, en trottinette, en poussette, en métro et en bus. Ils sont presque devenus de vrais petits parisiens -râleurs comme il se doit à leurs heures perdues- toujours prêts à explorer un nouveau parc ou une nouvelle exposition. Joséphine est en pleine période des terrible twos, et elle s'affirme chaque jour de plus en plus, par des cris, des pleurs et des colères qui peuvent être tout à fait terribles. Comme tout enfant de cet âge, elle vit dans le monde de l'immédiateté, ne laissant aucune place à la tolérance pour l'attente, la frustration, et le non. Le non qu'elle affectionne de dire à toute heure du jour et de la nuit, et je dois admettre que je n'ai pas véritablement hâte qu'elle enchaine ensuite l'an prochain sur sa phase de threenager. Je me souviens que c'est un âge affreux horrible abominable pas forcément facile, si tant est que je puisse m'en remémorer les détails concernant Amaury (à relire dans cet article ici). Lui, de son côté, n'est pas grand fan de l'école. Il s'ennuie, trouve les journées trop longues, et préfère de loin la cantine et la récréation. Son enseignante est vraiment chouette, mais le système scolaire est sans doute beaucoup trop lent à son goût. Il y a eu une phase difficile de transition en début d'année, qui semble (touchons du bois) aller en s'améliorant. En attendant, il compte et décompte les jours qui le séparent des vacances scolaires, et il est inutile, je pense, de préciser qu'il est particulièrement impatient. De mon côté, je continue de me former en permanence pour être tout à fait à l'aise dans mon nouveau poste. J'ai la chance d'exercer au sein d'une belle équipe avec des conditions de travail relativement satisfaisantes. Tout va très bien à ce niveau-là. Cette fin d'année est donc placée sous d'heureux auspices, et je savoure, chaque jour, cette vie parisienne, en m'estimant très heureuse d'être là où je suis actuellement...
dimanche 11 septembre 2022
Deux ans
Et voilà, je me préparais psychologiquement depuis quelques semaines, mais je n'ai pas pu arrêter le temps. Mon deuxième bébé, ma toute petite, ma déjà grande fille a deux ans. Deux belles années qui sont passées à une vitesse folle. Deux belles années à découvrir sa personnalité, qui s'annonçait plutôt calme mais qui s'est révélée depuis tour-à-tour tornade, clown, hyperactive et passablement têtue. Depuis quelques jours, Mademoiselle Sourire a commencé son année en toute petite section dans une école maternelle privée bilingue et pour l'instant elle s'y plait énormément. A la maison, elle continue à vouer une admiration sans bornes pour son grand frère et n'hésite pas à se faire entendre, de façon plus ou moins diplomatique et sans discrétion aucune. Cette demoiselle a de la voix et aime le faire savoir, et je doute fortement que nos voisins aient pu ignorer sa présence dans l'immeuble. Du reste, c'est une grosse dormeuse qui a besoin de longues nuits et de belles siestes, histoire de récupérer toute l'énergie dépensée en mouvement perpétuel tout au long de la journée. Elle aime par-dessus tout courir et s'élancer sur le toboggan, ne se posant presque jamais, sauf peut-être lorsqu'on lui place un bon livre entre les mains. Ma toute belle, ma douce Joséphine, je sais que tu vas grandir fonceuse, indépendante et militante. Mais pas trop vite s'il te plait, je veux encore profiter un peu de mon dernier bébé, avant que je ne cligne un peu trop vite des yeux et que n'arrive déjà le jour où tu partiras à l'université ou vers d'autres aventures loin de ta maman...
mercredi 7 septembre 2022
Une rentrée chargée
Amaury a bien retrouvé le chemin de l'école, après un long été de vacances, puisque l'année américaine se termine début Juin et que la rentrée française n'est pas en Août mais en Septembre. Il a fait ses premiers pas en CP, dans une classe de vingt élèves, à l'école du quartier. Socialement, je crois qu'il n'a pas tardé à se faire des amis, une petite bande de "mecs" (comme ils se surnomment mutuellement) qui sont accueillis comme lui à la cantine et à la garderie du soir. Educativement, il n'est absolument pas en difficulté étant donné qu'il lit depuis fort longtemps et que pour l'instant le niveau n'est pas très haut. Mais il lui faut quand même apprendre l'écriture cursive et les règles de l'école à la française. Joséphine de son côté avait commencé l'adaptation chez la nounou, mais nous avons obtenu -de façon presque inespérée- une place en école maternelle privée bilingue qui accueille les enfants à partir de 2 ans. Elle a donc commencé à s'y rendre cette semaine et pour l'instant je suis ravie des activités pédagogiques proposées, des locaux neufs, des menus de leur cantine et du contact avec les professionnels qui y travaillent. Quant à moi, j'ai pris mon poste en centre d'action médico-social précoce (CAMSP) auprès de petits patients de 0 à 6 ans atteints de syndrome génétiques rares et de séquelles d'extrême prématurité. Le gros de mon travail va viser les troubles de l'oralité et de la déglutition, sans négliger la communication et le langage qui sont aussi au premier plan de l'intervention. Logan va lui pouvoir finalement (après un été de travail compliqué en présence des enfants) se remettre à bosser plus sereinement, sans avoir besoin de grappiller quelques minutes de paix très tôt le matin, pendant la sieste de Joséphine ou après le coucher des enfants. Je sens que notre nouvelle vie parisienne va être en perpétuel mouvement, et j'ai d'ailleurs jugé cette rentrée passablement chargée avec une tonne de paperasse, des tas de nouvelles habitudes à prendre, et relativement peu de temps pour souffler. Il n'empêche que l'aide familiale vient tout de même de débarquer ce matin du Michigan, et que l'on compte bien -le cas échéant- sur Mimi et Grandpa pour nous porter secours si besoin. Et dans le cas contraire, nous espérons qu'ils se joignent à nous régulièrement pour profiter des goodies à la française qui sont si difficiles à dénicher aux Etats-Unis...
mercredi 3 août 2022
Et puis, Paris !
Nous sommes bien arrivés à Paris, après un voyage pour le moins fatigant, et c'est avec des yeux ensommeillés que nous avons pris possession de nos pénates dans le onzième arrondissement. Le vol depuis Détroit s'est bien passé, même si notre petite demoiselle n'a décidé de dormir qu'une petite heure en tout et pour tout. Amaury de son côté est sans doute le seul d'entre nous qui ne se soit véritablement reposé. Après une première journée d'installation et de démarches, encore totalement emplis d'un décalage horaire violent, nous avons pu faire un peu de repérage dans le quartier et commencer à s'orienter. Les enfants ont découvert les joies de la vie en appartement, les bruits de la ville et les délices de la gastronomie française. Ils vouent désormais une adoration sans bornes à la baguette croustillante, et je dois dire que je les rejoins totalement sur cette question. Joséphine s'est éprise de la course aux pigeons, et, fort heureusement pour eux, sa vitesse et son agilité à les attraper sont encore limités. La chaleur est étouffante aujourd'hui et j'avoue (à demi-mot) que la climatisation me manque un peu. Pour le reste de la semaine, les journées vont s'enchainer entre démarches administratives pénibles (merci la CAF qui a perdu mon dossier), découverte de tous les marchés du coin, exploration des parcs et aires de jeux du quartier et adaptation à la vie parisienne. Et puis, d'ici quelques jours, il sera alors temps de retourner dans mon cher Jura, loin de la cacophonie et du tumulte de la capitale, histoire de faire le plein de famille et amis avant une rentrée qui s'annonce bien remplie...
jeudi 28 juillet 2022
D'abord le Michigan...
Après avoir quitté la moiteur de l'été à Miami, la première étape de notre retour en France s'est faite dans le nord du Michigan, à deux pas du Canada et dans un climat relativement doux comparé à l'hexagone et au reste des Etats-Unis. Ici, chez mes beaux-parents et comme toujours, les conversations vont bon train et les estomacs sont bien remplis. Moi qui ai la chance de maintenir mon poids de base sans vraiment faire d'efforts, je peux dire que je commence légèrement à peiner pour fermer mon pantalon. Et les bons petits plats cuisinés de ma belle famille en sont totalement responsables. Mais le séjour touche presque à sa fin et d'ici quelques petits jours, il sera à nouveau temps de boucler les valises pour retrouver Paris. En attendant, nous profitons allègrement de la piste cyclable qui passe juste à côté de la maison pour se déplacer à deux roues sur des voies interdites aux voitures, sur des dizaines de kilomètres de distance, et sur du plat principalement tout autour du lac Michigan. De son côté, Amaury aura cette année été initié au Taekwondo, aux cours de cuisine et aux entrainements de foot, tandis que Joséphine aura bénéficié d'aller-retour fréquents au parc. Son vocabulaire s'est considérablement enrichi, et elle s'essaye maintenant à mémoriser les couleurs (that's a work in progress). Après du bon temps en famille, ce matin nos visiteurs australiens ont eux-aussi repris leur route, et j'espère sincèrement que (pandémie mondiale ou pas) il ne faudra pas à nouveau patienter trois ans avant de les revoir. Et si la dodufication* active qui nous touche s'est déjà bien amorcée chez beau-papa et belle-maman, il est presque impossible que cette dernière ne s'arrête lorsque nous aurons retrouvé ma belle patrie natale. À nous fromages, saucissons, pâtisseries, baguettes croustillantes, charcuteries et autres mets typiquement français...plus que quelques jours de patience et je serai à la maison...
*néologisme allègrement utilisé par la communauté des bons vivants
vendredi 8 juillet 2022
Goodbye Miami
vendredi 24 juin 2022
Patriarcat et bigotisme
La cour suprême américaine a annulé aujourd'hui Roe vs. Wade qui garantissait le droit à l'avortement dans tous les états américains. Et ce juste quelques heures après avoir annoncé que la constitution américaine garantissait à chaque individu le droit de porter une arme en public, rendant beaucoup plus difficile pour chaque commune ou état de contrôler qui, quand et où les citoyens pouvaient avoir leur arme. En quelques jours, les Etats-Unis ont donc connu un sérieux retour en arrière, avec revenue en force du bigotisme, sous l'égide d'un patriarcat fort, et ce faisant limitant grandement les droits de millions d'américaines. Aujourd'hui, je suis écoeurée de ce retour en arrière. Peut-être ne suis-je pas directement concernée par cette interdiction d'avortement, mais ma fille le sera sans doute un jour. Peut-être devra-t-elle voyager loin pour avoir accès à ce droit. Mes voisines, mes amies, les filles de mes amies devront peut-être elles-aussi devoir recourir à des avortements clandestins dangereux ou voyager pour y avoir accès. Dans cette histoire, le plus grave est que -comme toujours- ces décisions moyenâgeuses vont impacter principalement les minorités, pauvres, déjà oppressées par les discriminations sociales et raciales. Peut-être est-il judicieux de rappeler que le taux de mortalité en couches est 2.5 fois supérieures pour les femmes noires américaines, par opposition aux femmes blanches. Et qu'il n'existe pas de congé de maternité garanti pour chaque femme. Et que les députées et sénatrices femmes américaines ne sont que 27% à siéger (qui veut dire que plus de 70% sont des hommes). Et en ce qui concerne le port et la vente d'arme, ces soit-disant "pro-vie" ne font rien pour limiter la vente d'armes de guerre alors même que le pays compte déjà près de 250 tueries cette année. Et de fait, j'ai peur que cela arrive par malchance et hasard à mes enfants. Aujourd'hui, les Etats-Unis vont mal. Tout fout le camp. Je contemple cette dégringolade des droits humains, impuissante, dégoûtée, écoeurée. Mon pays d'adoption me déçoit. Les bigots sont partout. Le patriarcat contrôle nos vies. La cour suprême (qui ne compte que trois femmes présentement, sur les 9 sièges) plie sous l'influence de la NRA et des groupes religieux intégristes. Bref, cela fait longtemps que je m'insurge contre certains non-sens de ce pays. Mais cette décision de la cour suprême n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Aujourd'hui, j'ai particulièrement hâte de revenir en France, et c'est bien dommage.
jeudi 2 juin 2022
Rapatriation
Cet été va connaitre de nombreux changements, à commencer par notre résidence géographique. Nous allons débarquer à Paris ! Après dix ans et moultes déménagements intra et intercontinentaux, nous allons à nouveau vivre dans notre belle capitale. Nous avons bien connu le 13ème, et nous allons cette fois-ci découvrir le 11ème arrondissement. Entre les démarches pour trouver un mode de garde pour Joséphine (mais pourquoi n'y a-t-il pas plus de crèches en France ?!), l'inscription d'Amaury à l'école, mes entretiens d'embauche, le déménagement et les cartons, ainsi que tous les autres petits détails qui vont nous permettre de rentrer, notre planning est très largement chargé. Surtout que tout cela se produit en fin d'année scolaire où il faut alterner nos soirées entre les amis qui partent pour l'été et que nous devons voir une dernière fois, les spectacles de fin d'année, et autres activités de saison. Amaury me demande déjà quand nous allons partir voir la tour Eiffel, et je dois dire qu'il est passablement impatient d'arpenter les rues de Paris. Avec l'essor de la visioconférence, et aussi un peu grâce au Covid, je dois dire qu'il a été vraiment facile de participer à des entretiens d'embauche à distance, et je n'ai pas eu de mal à trouver un emploi dans mon domaine. Après tout, les orthophonistes délaissent le salariat et j'ai littéralement croulé sous les propositions de postes. Je vais commencer officiellement le premier Septembre, ce qui me laisse du temps cet été pour préparer tous ces changements. Reste à préparer la maison pour les locataires, faire de nombreux cartons, vendre la voiture, faire la paperasse habituelle quand on rentre en France, sélectionner ce qui va tenir dans la valise et ce qui sera stocké en prévision d'un futur lointain... l'exercice n'est pas simple mais je commence à avoir un peu l'habitude, après de nombreux allers-retours entre la France et les Etats-Unis. Du reste, et depuis 2015, Logan a acquis la nationalité française et nous n'avons (fort heureusement) plus besoin de faire des démarches de visa. Et d'ici à ce que nous partions, nous attendons de pied ferme nos visiteurs de Californie (M&O), puis ceux d'Australie (Q&B), pour ce long overdue get together. Le compte à rebours est officiellement lancé, même si nous allons transiter quelques semaines dans le Michigan avant de regagner ma terre natale. D'ici un bon mois dans tous les cas, nous quitterons Miami alors un seul mot d'ordre : profiter.
mardi 29 mars 2022
6 ans
Et juste comme ça, presque sans que l'on ne s'en aperçoive, Amaury a eu six ans. Six années pour ce grand bonhomme de petit garçon, né un beau jour ensoleillé et froid et arrivé comme un boulet de canon. Il est arrivé en avance, comme pour déjà nous montrer son incroyable impatience et son envie démesurée de découvrir le monde. Cette impatience et cette envie ne l'ont d'ailleurs plus quitté. Il continue d'explorer et d'apprendre à mille à l'heure, poussé par une curiosité sans bornes, parfois presque si vite qu'il lui est intolérable de ne pas déjà tout savoir. Sa mémoire est incroyable, et les détails de sa toute petite enfance sont encore tout frais. Il se souvient de tout, tout le temps, si bien qu'il est impossible d'oublier promesses et annonces du planning à venir. Cet enfant est aussi une véritable boule d'émotions, qui déborde bien souvent. Les larmes succèdent aux rires et à la colère en un instant, et je me reconnais tellement dans sa façon de fonctionner. Il a un sens aiguisé des règles et des convenances, lesquelles sont pourtant aisément déroutées. Les injustices et vilaines choses du monde lui sont insupportables et le questionnent continuellement. Aujourd'hui, je le vois heureux, déjà tout grandi, et je ne peux m'empêcher de penser que le temps s'écoule trop vite. Hier encore, je le tenais dans mes bras, tout petit, tout neuf, et déjà en train de tout observer. Avec plusieurs jours de retard, bon anniversaire, mon grand. Nous sommes tellement fiers du garçon que tu es devenu.
vendredi 25 février 2022
La guerre
J'aurais aimé ne pas avoir à publier cet article. La guerre sur le continent européen est révoltante. Après avoir traversé les Etats-Unis le weekend dernier, je réalise que l'Ukraine n'est pas plus loin du Jura que la Californie ne l'est de la Floride. Depuis, je me sens suspendue aux informations, collée aux premières pages des journaux, angoissée par l'échec des négociations politiques et peu rassurée quant à l'efficacité des sanctions proposées par l'Europe. Je pense aux civils, sous les bombes, et aux innocents qui vont perdre leur maison ou leur vie, qui vont se retrouver pris en sandwich entre deux feux. J'avoue ne pas bien connaitre les tenants et les aboutissants de cette guerre, aussi je me garderai bien d'en partager une quelconque analyse. Il n'empêche que cette situation est particulièrement inquiétante. Alors je croise les doigts pour que ce conflit cesse au plus vite. Et qu'il ne s'embourbe pas dans le temps. Amis Ukrainiens, je pense à vous...
mercredi 23 février 2022
California dreamin'
Je n'avais encore jamais eu l'occasion d'aller me promener sur la côte ouest des Etats-Unis. Le point qui s'en rapprochait le plus était sans doute Austin, au Texas, lequel n'est pas du tout proche de la Californie, loin s'en faut (à peine vingt heures de route en voiture, pensez donc). Alors il était bien temps d'y faire un premier petit saut. Je me suis donc envolée ce weekend pour San Diego avec mon grand, lequel était inévitablement surexcité comme une puce à l'idée d'aller voir ses cousins sur un fuseau horaire différent. Les trois jours auront passé très vite, trop vite, partagés entre de bons moments en famille et des visites touristiques dépaysantes. Il n'a pas fait très chaud, surtout sur la fin du séjour, même si tout est question de perspective (nous pauvres frileux de Miami nous sommes retrouvés à grelotter lorsque les températures sont descendues à 14 degrés, ce qui ne correspond pas non plus à un climat polaire, n'exagèrerons rien). Les enfants ont quand même apprécié la plage, où l'eau est à peu similaire à la Bretagne, à la différence près que les surfeurs y sont établis en maîtres des lieux. Nous n'avons vu que la région où habite ma soeur, à côté de San Diego, sur la côte, où tout est aussi magnifique qu'hors de prix. Imaginez un mélange du climat de Menton avec une belle poignée de hippies chics (et riches) en plus, et des Teslas à gogo. Et l'on obtient un fort beau stéréotype (qui peut bien sûr être immédiatement démonté avec de nombreux contre-exemples). La majorité de la Californie reste donc à explorer, car c'est un état immense qui atteint presque les 4/5ème de la superficie de la France. Il suffirait de conduire une heure ou deux pour changer de climat et de végétation. Je me verrais bien par exemple faire un road trip le long de la côte, associé à une découverte de l'intérieur des terres, sur un mois ou deux, en prenant son temps. Et en attendant que cela soit réellement possible (on peut toujours rêver), nous sommes de retour dans la douce chaleur de Miami, en pleine floraison des manguiers, où la reprise du travail et de l'école a un peu piqué les yeux après cette douce parenthèse enchantée...
jeudi 17 février 2022
Quelques nouvelles
Ca fait un certain temps que je ne suis pas venue faire un tour par ici. La faute à notre emploi du temps chargé, aux week-ends occupés par nos visiteurs, et aussi je dois un peu l'avouer -à cause d'une certaine flemme-. Depuis douze ans que je publie sur ce blog, il y a toujours eu des phases très actives, suivie de phases de latence. Imaginez : douze ans à préparer des sujets d'articles, à les écrire, à les relire, alors même que le but initial du blog était d'informer uniquement sur des démarches de visa. En 2010, je galérais en attendant d'avoir le droit d'immigrer Etats-Unis. D'ailleurs, c'est comme ça que tout a commencé. Avec une saleté de procédure interminable pour pouvoir rejoindre mon homme sur sa terre natale, en toute légalité. Une bien belle année de newly-weds, 2010. Passée à distance, loin des yeux (mais pas loin du coeur), sur deux fuseaux horaires différents et avec des emplois du temps respectifs bien chargés. Alors cette flemme de publier, je la connais. Pourquoi publier absolument des articles si les sujets ne sont pas intéressants ? Je ne fais pas partie de la nouvelle génération des influenceurs. Rien n'est monétisé, tout est partagé parce que j'en ai le temps et l'envie. Bref, l'irrégularité de mes publications risque de continuer parce que comme tout un chacun, je suis busy. Totalement overbookée. Mon temps et mon énergie sont grappillés en permanence par mes deux adorables monstres et par un job à plein temps. Et aussi, depuis la fin de l'année dernière, nous avons vu défilé un ballet de visiteurs très attendus, et nous en avons profité pour faire un peu de tourisme. En outre, nous avons finalement eu le Covid, après deux (trop) longues années de pandémie. Je crois qu'il aurait été très dur d'y échapper lors de cette dernière vague. Quand tu te retrouves être cas contact cinq fois en dix jours, tu t'attends bien à ce que cela te tombe sur le coin du bec. Etant tous vaccinés à la maison, sauf Joséphine qui est encore mon petit bébé (de dix-sept mois), je ne m'attendais pas à ce que l'on ait une forme grave de la maladie. Mais j'ai toutefois été surprise de la violence de mes symptômes. J'ai été sans doute la plus malade, même si ca a été beaucoup moins difficile que l'année où j'ai eu la grippe A. Depuis, j'ose penser que nous sommes protégés d'une ré-infection au covid pendant au moins trois à quatre mois. Donc si nous continuons à respecter la réglementation en vigueur en ce qui concerne les gestes barrières, je dois avouer que c'est bien agréable de penser pour la toute première fois depuis deux ans que non, dans un future relativement proche, nous ne pourrons plus être ré-infectés par ce maudit virus. Et je dois avouer que cela fait un bien fou. Psychologiquement, cette pandémie a réduit notre vie sociale à peau de chagrin. Il a été beaucoup plus compliqué de voir nos familles respectives, et il reste encore des rencontres à organiser. La toute première, long overdue, est celle de ma belle belle-soeur Quinn avec Joséphine. L'Australie a très longtemps conservé des règles drastiques de quarantaine aux frais des voyageurs, et il lui a été impossible de venir nous voir. Trois longues années se sont écoulées depuis notre dernier get together. La seconde rencontre, que j'attends avec impatience, est celle de ma petite nièce née peu avant Noël. Il est vraiment difficile de ne pas pouvoir facilement sauter dans un avion et aller la serrer dans mes bras, ainsi que ses parents. Mais pour l'heure, les réunions familiales continuent à être possible avec des personnes plus proches géographiquement, et du coup je m'envole demain avec Amaury pour la Californie (histoire de faire un petit coucou à l'ainée de ma fratrie et à mes neveux). Et s'il est bien trop tard pour souhaiter à la bonne année à la mi-Février, je vous souhaite à tous, amis, familles, lecteurs assidus et lecteurs égarés, une vie sans covid, car, comme le disait mon grand-père à l'époque d'une façon qui résume assez bien l'exaspération liée à cette maudite pandémie (et l'expression est restée culte dans la famille) : "quand ça m'énerve...ça m'énerve".
jeudi 16 décembre 2021
Active shooter drill
Dans ce grand pays que sont les Etats-Unis, les armes à feu font partie de la vie de la majorité des citoyens. D'après une étude de 2017 du Graduate Institute of International and Development Studies basé à Genève, les américains possèdent 120.5 armes à feu par 100 habitants, soit plus d'une arme par personne, à comparer à nos 19.6 en France (source à retrouver ici). C'est donc le pays du monde où les civils sont les plus armés, et aussi un pays qui est confronté aux shootings de masse. Plus de 600 fusillades ont été reportées aux Etats-Unis en 2020, en grande progression depuis l'année précédente. Et les écoles ne sont pas exemptes de ce fléau. En Floride, pas très loin de chez nous à Parkland, un jeune forcené de 19 ans avait tué 17 personnes et blessé bon nombre d'autres en 2018 dans un lycée. Alors les écoles ont depuis mis en place des entraînements pour se préparer à réagir en cas de survenue d'une attaque à l'arme à feu. Pour se prévenir des tueries de masse, des protocoles d'exercices ont été adoptés au même titre que les exercices d'évacuation en cas d'incendie. Cette année dans l'une de mes écoles, ce ne sont pas moins de quatre exercices qui ont été planifiés. La semaine passée, j'ai dû me barricader dans ma classe avec deux petits loulous de grande section, terrorisés, dans le noir, et sans bruit, pour nous préparer à l'éventualité d'un tireur dans l'école. Inutile de préciser que les élèves en question étaient un peu inquiet à l'issue de l'entraînement, et il nous a fallu débattre de la nécessité de l'exercice et de l'improbabilité qu'un tireur réel ne surgisse dans notre établissement. Mais pourtant, je ne peux m'empêcher de me montrer incrédule devant les pouvoirs publics qui sont incapables de répondre de façon efficace à la gangrène des armes à feu. La possession d'une arme à feu est protégée par le deuxième amendement de la constitution américaine. La NRA (National Riffle Association) est extrêmement puissante et fournie un lobbying drastiquement efficace pour promouvoir la vente d'armes à feu. 44 états sur 50 ont des lois locales qui garantissent le droit de posséder et de porter une arme. Et bon nombre d'entre eux n'ont pas de restrictions de port d'arme, même en cas de maladie mentale ou d'antécédents de violence, et n'ont pas de règles sur l'achat et la détention d'armes de guerre. Un citoyen de 18 ans peut donc allègrement acheter un fusil d'assaut, aller voter pour choisir son président, et cela alors même qu'il n'est pas encore légalement autorisé à se procurer et à boire de l'alcool (ce qui est un autre débat). Alors concrètement qu'est-ce que cela signifie pour nous au quotidien ? Dans notre cercle familial et amical, la quasi-totalité des personnes ne possèdent pas d'armes à feu. Mais il suffirait d'interroger des Floridiens du fin fond de la Floride, vivant à la campagne et n'ayant pas accès à une éducation universitaire, pour trouver des statistiques drastiquement opposées. Dans l'une de mes écoles, le crossing guard est armé. Mais les professeurs ne sont -fort heureusement- pas autorisés à venir en cours avec une arme, même si le débat avait été lancé après la tuerie de Parkland. D'ailleurs entre nous, je n'imagine même pas un enseignant, au bord du burn-out, face à des élèves insolents, être autorisé à apporter un revolver en cours, car je visualise très bien comment les choses pourraient mal finir. Quoi qu'il en soit, je suis maintenant prête à agir et je connais le protocole sur le bout des doigts s'il survenait une fusillade sur mon lieu de travail. En attendant, je croise les doigts pour que les choses évoluent finalement et que des lois beaucoup plus strictes soient mises en place dans l'intégralité des états américains. Et pour que ce genre de active shooter drill ne soit plus une nécessité dans nos écoles...
lundi 11 octobre 2021
Orthospower
L'orthophonie, c'est bien pour les pieds ? C'est pour les enfants qui ne parlent pas français ? C'est pour redresser les dents tordues ? Si ces questions vous paraissent incongrues, il n'empêche que la profession d'orthophoniste est encore très largement méconnue. Une bonne partie de la population pense toujours que le métier d'orthophoniste se résume à la rééducation du cheveu sur la langue ou qu'il s'apparente à du rattrapage scolaire. J'ai même lu une fois que les orthophonistes avaient des agendas bien remplis à cause de la méthode globale. Bref, dans mon domaine, il est possible parfois d'entendre tout et son contraire, mais c'était sans compter sur le podcast d'Orthospower, créé par Lucie Cambrai, orthophoniste et formatrice (So Spitch). Ce podcast fabuleux permet de se rendre compte de l'étendue du champ de compétence de l'orthophoniste, bien au-delà des présuppositions et des stéréotypes. Il est destiné à tous, orthophonistes diplômés, étudiants, professions en relation avec l'orthophonie et d'une façon plus générale pour toute personne intéressée par notre beau métier. J'ai eu la chance d'être interviewée pour ce podcast, qui donne quelques indications sur le métier d'orthophoniste aux Etats-Unis (lien à retrouver ci-après). Mais les autres épisodes sont tout aussi passionnants. Diversification menée par l'enfant, psychomotricité, plurilinguisme, mucoviscidose... les sujets sont aussi variés que notre belle profession. Alors n'hésitez-pas à écouter Orthospower !
https://podcast.ausha.co/orthospower/42-elise-la-pratique-ortho-aux-etats-unis
mercredi 29 septembre 2021
La petite souris
Et voilà, mon grand a déjà commencé à perdre ses dents de lait et je dois admettre que je n'étais pas complètement prête psychologiquement pour cette grande étape de sa vie. C'est arrivé très subitement, lors du goûter du matin à l'école, et nous avons eu vent de la nouvelle presque immédiatement car sa directrice nous a envoyé une belle photo de son tout nouveau sourire à trou. Si je n'étais pas complètement prête psychologiquement, je m'étais par contre totalement préparée depuis quelques années car j'avais mis de côté une jolie boite à dents de lait achetée avec soin en France, histoire de lui offrir le moment venu. S'est alors posé la question de qui allait apporter les petits trésors à retrouver sous l'oreiller. Serait-ce la petite souris, comme dans l'hexagone, ou la fée des dents, beaucoup plus courante chez nos amis anglo-saxons ? A vrai dire, nous français ne sommes pas les seuls à attendre la petite souris. Beaucoup de pays hispanophones ont, eux-aussi, leur petite souris qui vient rendre visite aux enfants la nuit. A Miami, ce n'est donc pas du tout une exception et nous n'avons du coup pas eu besoin de choisir entre ces deux petites créatures mystérieuses. Puisque les évènements se produisent de nuit, nul ne peut être sûr de qui est réellement le visiteur. De fait, si Amaury a pu récupérer sa belle boite à dents de lait au petit matin, il ignore toujours si c'est la fée des dents ou la petite souris qui la lui a apportée. Alors si le mystère reste entier pour l'instant, il a été du reste enchanté de retrouver ce petit trésor à son réveil. Pour les prochaines fois, il est possible que notre visiteur dépose une pièce de monnaie ou un nouveau petit objet. Deux autres dents sont déjà en train de bouger, donc il est fort probable que la fée des dents ou la petite souris nous rendent visite très prochainement. Et puis finalement, le plus beau des trésors est réservé aux parents eux-mêmes lorsqu'ils sont témoins de l'enchantement de leur enfant à la découverte de la petite surprise, et ils se retrouvent, pendant quelques secondes, propulsés dans leurs propres souvenirs joyeux d'enfance où la magie égayait le quotidien...
mercredi 15 septembre 2021
Une carrière mixte en Floride
La vie d'une mère de famille est bien souvent ponctuée de journées chargées, chronométrées, minutées, où bon nombre de taches ménagères s'ajoutent à une carrière prenante. La vie de père de famille n'est d'ailleurs pas non plus moins chargée, dans une société moderne où l'homme fait très largement sa part. Dans un monde idéal, je travaillerais dans des conditions "à la française", avec des congés payés, une couverture maladie, du temps supplémentaire rémunéré et la possibilité de prendre des vacances. Dans un monde parfait, je serais payée au mois, et non pas à l'heure (voire à la minute), et mon emploi du temps ne serait pas contrôlé à chaque seconde, ma rentabilité calculée, et mon temps de paperasse à rallonge. Mais bien sûr, il n'existe pas de monde idéal, et j'ai déjà la chance de pouvoir travailler partout, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde. Mais depuis que notre famille s'est agrandie, le planning de l'hôpital m'est apparu de plus en plus incompatible avec ma vie de maman, laissant peu de place à la prévisibilité, ni en terme de revenu, ni en terme d'emploi du temps, avec de longs trajets en voiture, des journées rallongées ou écourtées (selon les variations du taux d'hospitalisation), et une reconnaissance professionnelle significativement amoindrie. Alors, si l'exercice hospitalier aux Etats-Unis n'est pas de tout repos, et qu'il correspond à mon amour pour la dysphagie et les troubles neurologiques de l'adulte, il n'en est pas moins difficile à concilier à mes autres casquettes de mère et d'épouse. J'ai donc pris la décision, bon gré mal gré, de retourner travailler également au sein des écoles, et de réserver l'hôpital aux journées occasionnelles (histoire d'assurer un revenu régulier et un planning relativement prévisible). Je continue à être payée à l'heure, sans congés payés et sans assurance maladie (laquelle est heureusement disponible par le travail de mon homme), mais je ne suis plus payée à la minute (et c'est déjà une belle différence). Mon planning reste bien rempli, mais je ne rentre pas à la maison plus tôt -sans être payée- si mes patients sont absents ou indisponibles. De fait, même si j'enchaine toujours les séances de rééducation toute la journée, les conditions de travail sont (très légèrement) meilleures, je suis sûre de rentrer à la maison à une heure très raisonnable, et de ne pas travailler ni un jour de weekend (ou très rarement), ni un jour de fête. Je suis de fait un peu plus disponible pour mes petits loulous, lesquels grandissent bien évidemment beaucoup trop vite et je tiens à en profiter avant qu'ils ne partent tous les deux à la fac (oui, c'est presque demain, je sais). Alors je continue à me former, étant d'une nature avide de connaissances, car je dois cumuler une expertise professionnelle dans des domaines très différents. J'ai par exemple de nombreux petits patients sourds, appareillés ou avec implants cochléaires, et c'est un domaine que je maitrise encore peu. Cela étant, il me semble que je ne vais pas regretter les très longs trajets en voiture pour aller sur mon lieu de travail, sachant qu'avec l'autoroute et les voies express il ne me faut pas plus de quarante minutes pour arriver sur place. Pour une métropole de la taille de Miami, c'est le rêve absolu. Joséphine et Amaury vont à la garderie avant l'école et la crèche, mais ils rentrent à la maison un peu avant 17 heures et cela fait déjà des journées très remplies. Pour le reste, le quotidien reste tout de même très chronométré, et les weekends sont de fait très appréciés, entre les baignades dans une eau à la même température que l'air et les journées très ensoleillées de la Floride...
samedi 11 septembre 2021
Un an
Un an, douze mois, cinq cent vingt cinq mille six cents heures, et encore bien plus de minutes se sont écoulées depuis la naissance de notre Mademoiselle Sourire. Le temps est passé extrêmement vite et je me revois encore, chez mon obstétricien, plaider pour attendre une naissance franco-américaine qui ne tombe pas un onze septembre. Je me souviens de ses traits amusés, et de son sourire hilare que j’ai deviné sous son masque, lorsqu’il m’a répondu qu’elle arrivait, là, presque toute de suite, onze septembre ou pas. Je me revois me conduire moi-même à l’hôpital de l’autre côté de la rue, être admise, et accueillir très vite une petite boule blonde d’amour parfaite en compagnie de son papa. Joséphine a su trouver sa place toute de suite, toute en sérénité, en complétant la famille par ses sourires et sa bonne humeur. A un an, elle communique déjà très bien par ses mots, ses gestes et ses intonations. C’est une petite fille qui sait ce qu’elle veut et qui le fait savoir, entre deux gloussements provoqués par l’admiration sans bornes qu’elle voue à son frère. C’est aussi une belle dormeuse qui nous laisse nous reposer, à défaut d’avoir connu ce bonheur avec notre numéro un. 6 dents, pour croquer la vie à pleine dents, un appétit sans failles et une appétence pour tout ce qu’elle peut manger seule. Je ne sais pas qui elle sera en grandissant, ni ce qu’elle aimera, et encore moins ce qu’elle fera, mais j’ai une certitude : cette petite Louloute aura le sourire aux lèvres et une envie féroce d’explorer le monde. Et d’ici là, ma petite souris, ma toute belle, ne te dépêche pas trop de grandir, le temps passe trop vite et je ne peux pas l’arrêter...
mercredi 25 août 2021
Un été trop court
vendredi 4 juin 2021
Elever un enfant plurilingue (épisode 3)
Mon grand garçon continue à être immergé quotidiennement dans un bain de langage français/anglais et espagnol (dans une moindre mesure), et cette situation n'est pas pour nous déplaire. Le bilinguisme est un véritable voyage aux nombreux détours, avec des phases de progrès dans l'une des langues et de régression dans l'autre. J'avais déjà partagé notre expérience dans deux articles à relire ici et ici. Si l'espagnol faisait partie intégrante de sa vie, cette langue est maintenant reléguée à un second plan sans réelle possibilité de retour en arrière. L'espagnol est partout à Miami, mais Amaury n'en connait plus que quelques mots. Il comprend certaines phrases fréquentes mais n'est pas vraiment capable de répondre, au delà des couleurs, des chiffres et des chansons. L'anglais est devenu (à mon grand regret) la langue majoritaire. Langue de l'école, langue parlée avec son père et sa famille américaine, langue des dessins animés... l'anglais est presque partout, sauf avec moi. La pandémie a ajouté à cette régression du français, faute de pouvoir le parler souvent avec d'autres interlocuteurs. Mes parents n'ont pas pu venir comme ils le faisaient chaque année, et je vois bien que ses capacités à s'exprimer dans la langue de Molière sont largement en-deça de ce qu'elles pourraient être. Cela étant, Amaury lit beaucoup mieux en français qu'en anglais (loin s'en faut), et c'est une chance car je peux favoriser les livres francophones. Je ne lui lis jamais de livres en anglais, et je privilégie au maximum le français. Cela sera possible au moins jusqu'à ce qu'il apprenne à lire en anglais, au delà des quelques mots qu'il déchiffre déjà. Alors je me rassure en pensant que notre petit voyage en France cet été lui fera le plus grand bien. La maitrise d'une langue dépend de nombreux facteurs, et dans tous les cas je ne veux pas restreindre sa communication. Il aime parler avec Joséphine en anglais, et l'anglais est dominant dans ses jeux. Finalement, ma seule marge de manoeuvre, au-delà des livres, c'est de communiquer exclusivement en français ensemble (ce qui n'est pas toujours facile), à défaut de pouvoir faire mieux. De son côté, Joséphine réagit très bien à son nom dans toutes les langues. L'espagnol est dominant à la crèche, et c'est tant mieux. Et si un jour notre Chepita choisit de suivre les pas de son frère, le plus important est de conserver au moins l'anglais et le français, et qu'elle puisse communiquer facilement, comme lui, quelle que soit la langue utilisée...
lundi 10 mai 2021
Monsieur B.
La valve phonatoire Passy-Muir, utilisée pour les patients trachéotomisés (à droite). Le kit d'aspiration endotrachéale, à utiliser avant de poser la valve phonatoire (à gauche). |
Il se pensait à l'abri du covid-19 Monsieur B. Lui qui ne fume pas, boit très peu, et n'a pas de maladie grave que l'on considère comme facteur de risque aggravant de cette pandémie. Non, Monsieur B. n'a pas de diabète, il n'est pas obèse, et même, il a couru un semi marathon à l'automne dernier. Non, vraiment, Monsieur B. n'a pas peur du covid. A 45 ans (presque 46), il ne rentre pas dans la catégorie des personnes qui doivent s'inquiéter. Et pourtant, il l'a attrapé, ce maudit virus. Au départ, une banale petite fièvre, une toux, trois fois rien. Une perte de goût et d'odorat, bon, ce n'est pas si grave. Et puis finalement, au bout de dix jours, des difficultés à respirer qui lui paraissent très bizarres. Aux urgences, on ne veut pas l'hospitaliser, et on le renvoit chez lui. Mais dans la nuit, il peine à reprendre son souffle dans son lit, alors il y retourne, aux urgences, dans cette salle d'attente où l'on attend des heures. Et puis oui, finalement, Monsieur B. a besoin d'oxygène, alors il est admis. Hospitalisé, lui, le coureur de semi-marathons. Mais rien de si grave, un peu d'oxygène par canule nasale, pas de quoi fouetter un chat. Et puis ce maudit virus dégénère en véritable pneumonie. Et là, l'équipe médicale s'affole. On descend Monsieur B. en réanimation. Là où probablement les soignants sont les plus à mêmes de s'occuper de son cas. Et puis, l'oxygène par voie nasale ne suffit plus. Alors le médecin prend la décision d'intuber Monsieur B. Sauf que pour être intubé avec ce gros tube qui est enfoncé très loin dans la gorge, et être branché sous respirateur, il faut dormir car c'est horriblement inconfortable. Alors Monsieur B. est placé en coma artificiel pendant quelques jours. La ventilation mécanique assistée aide ses poumons à respirer car ils ne sont pas capables d'oxygéner le corps seuls. Et les journées se succèdent, Monsieur B. est inconscient, le respirateur le maintient en vie. Et puis, un jour, l'extubation. Mais Monsieur B. n'est toujours pas capable de respirer seul, la tentative de sevrage du respirateur échoue. Alors, afin d'éviter le coma artificiel, les médecins pratiquent une trachéotomie. Une canule est insérée directement dans sa trachée par une incision au devant de sa gorge. Pas si grave, en soi, c'est juste un tube et un petit trou. Mais Monsieur B., finalement réveillé du coma, ne peut plus parler. L'air ne passe plus par sa bouche et son nez mais vient directement dans ses poumons. Et puis, comme les jours passent, et que Monsieur B. n'a pas mangé depuis longtemps et que les perfusions seules lui apportent la nutrition et l'hydratation nécessaire, les médecins lui posent un tube de gastrostomie. Pas de quoi fouetter un chat, juste un petit tube inséré chirurgicalement dans son estomac pour le nourrir par sonde gastrique. Mais un tube quand même, qui le nourrit 24h sur 24. Monsieur B. a de la chance, il a échappé à la sonde nasogastrique qui peut être très gênante, dans son nez. Et puis les jours passent. Du respirateur, Monsieur B. passe de nouveau à l'oxygène simple, via sa trachéotomie. Et c'est là que j'interviens. Monsieur B., il ne peut pas parler. Il articule des mots mais sans voix, difficile de le comprendre. Alors le médecin me demande de lui poser une valve phonatoire, histoire qu'il retrouve un passage d'air par le larynx, le nez et la bouche. Histoire qu'il puisse communiquer, se faire comprendre, dire quand il a mal, quand il en a marre, quand il est triste, et quand il a besoin de quelque chose. Alors Monsieur B. me remercie. 6 semaines sans parler, c'est dur. 6 semaines sans manger, c'est également très dur. Mais Monsieur B. a toujours sa trachéotomie, et il va lui falloir se passer de l'oxygène à haute dose pour qu'on puisse le décanuler. Il lui faudra encore deux semaines, avant de tolérer la canule nasale. Pendant cette période, il a soif, Monsieur B. Mais il ne peut pas encore boire ou manger. A jeun, régime sec forcé. 87% des patients trachéotomisés ont un risque de fausse route silencieuse, alors encore une fois, Monsieur B. compte sur moi. Il faudra encore 5 jours pour planifier une vidéofluoroscopie de déglutition. C'est long, mais pendant ce temps, je l'aide à renforcer les muscles impliqués dans la déglutition. Histoire de limiter l'atrophie et d'augmenter les chances d'une reprise alimentaire rapide. Il en a vraiment marre, Monsieur B. C'est long, c'est dur, et il ne peut même plus marcher après toutes ces semaines alité. Le jour de la vidéofluoroscopie de déglutition, l'examen se passe plutôt bien, mais pas parfaitement. Monsieur B. peine à boire des liquides fluides, qui dégringolent dans ses poumons au lieu d'aller directement dans son estomac. Alors il devra boire des liquides épaissis, Monsieur B. Pas de quoi fouetter un chat, mais il en a trop marre Monsieur B. Le covid lui a gâché tous les aspects de sa vie, jusqu'à lui prendre son autonomie. Et il lui faudra encore plusieurs semaines à Monsieur B., pour être capable de boire et manger normalement. Pour la marche, il a encore un long chemin à parcourir, Monsieur B. Ses jambes recommencent seulement à le porter. Alors pour le prochain semi marathon, il va devoir attendre. D'ici là, il rentre finalement chez lui. Après trois mois d'hospitalisation. A cause d'un satané petit virus, qu'il pensait moins dangereux qu'une vilaine grippe saisonnière. Il s'est trompé, Monsieur B. Il s'est tellement trompé qu'il est passé près de la mort, et qu'il rentre chez lui aujourd'hui pour le premier jour du reste de sa vie. Car il veut vivre, Monsieur B. Et si son histoire vous a touchés, sachez qu'elle est totalement vraie. Je n'en ai rien inventé. Je vois des Monsieur B. tous les jours. Certains sont plus jeunes, d'autres plus âgés. Beaucoup ont des pathologies aggravantes, mais pas tous. Alors soyez prudents, et continuez à faire attention à ce maudit virus. Et dans tous les cas, ne me dites pas que ça n'arrive qu'aux autres. Et ne dites surtout pas qu'on ne vous avait pas prévenus...
lundi 15 mars 2021
Working mom 2.0
J'avais déjà publié un petit billet sur le sujet il y a de ça plusieurs années (à relire ici). Ce congé maternité-ci s'est étiré un peu plus longtemps que prévu, mais il est finalement arrivé au bout de ce que notre porte-monnaie pouvait supporter. Je suis donc retournée travailler il y a quelques semaines, à temps partiel d'abord, avec la perspective de (peut-être) compléter mes heures pour atteindre un temps complet à l'avenir. La pandémie mondiale a durement impacté les écoles de Miami, et le district a gelé toutes les nouvelles embauches au cours de cette année scolaire. J'ai donc pris la décision de revenir travailler à l'hôpital, avec des patients adultes dont bon nombre sont des survivants du Covid. Qui dit problèmes respiratoires, dit intubation, coma, gastrostomie, trachéotomie et donc... orthophonie. Mon quotidien en scrubs est ponctué de rendez-vous avec des patients plus ou moins jeunes (oui, même des patients jeunes et en bonne santé peuvent se retrouver en soins intensifs à cause du covid, n'en déplaise aux inconscients qui pensent que seules les personnes âgées sont à risque), pour bilans de la déglutition, de la voix (l'intubation fait des dégâts), et quelques évaluations de langage et de cognition. Pour l'instant, je couvre deux hôpitaux d'un même groupe, l'un de façon régulière et l'autre de façon beaucoup plus occasionnelle. Retourner travailler a été difficile et salutaire en même temps. Si je ne me suis jamais vue comme mère au foyer, j'ai apprécié les mois à la maison, malgré les journées et les nuits chargées qu'imposent un nouveau-né. Et puis récemment, j'ai eu des fourmis dans les jambes. L'envie de reprendre une activité professionnelle s'est faite plus pressante, et j'ai commencé à chercher activement un emploi. J'ai eu le luxe de refuser plusieurs propositions d'embauche, soit mal payées, soit compliquées en termes de planning, mais j'ai eu raison. J'ai envie de voir mes enfants grandir, et la perspective de travailler tous les weekends était exclue. Joséphine s'est bien adaptée à la crèche, et Amaury apprécie que je puisse venir le chercher à l'école le soir. Ne reste plus qu'à espérer que cette saleté de pandémie mondiale s'améliore, pour que l'on puisse planifier notre été, et ce même si un retour en France pour des vacances semble de plus en plus compromis...
vendredi 19 février 2021
Une décennie américaine
Photo prise le 19 Février 2011, à mon arrivée |
Cela fait exactement dix ans. Dix ans que j'ai débarqué à l'aéroport de Newark avec mes deux fois vingt-trois kilos de bagages. Le dix-neuf Février 2011, je suis finalement arrivée sur le sol américain après un très long processus d'attente de mon visa d'immigration (voir l'article de l'époque à relire ici). J'ai encore en bouche le souvenir nauséeux du cheeseburger de Continental Airlines qui n'avait pas tellement aimé les turbulences de l'avion. Quand je regarde furtivement derrière moi et que je réalise que dix belles années se sont écoulées depuis ce fameux jour, j'ai cette impression troublante d'avoir terriblement vieilli. D'avoir aussi considérablement mûri. Et d'avoir pu accomplir tellement -et tellement plus- que je ne l'aurais imaginé à l'époque. Les obstacles ont certes été nombreux, mais toutes les difficultés rencontrées, tous les challenges qu'il a fallu surmonter, et toutes les pierres sur ce long chemin ont valu le coup. It was totally worth it. Retourner à l'université pour obtenir un second diplôme d'orthophoniste, acheter une, puis deux maisons, changer d'état et de climat, passer trois fois d'un continent à l'autre, exercer dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle, avoir mes deux enfants, former une famille complètement franco-américaine, s'adapter à des nouvelles coutumes, de nouvelles habitudes et de nouvelles traditions... Je me souviens très précisément des confidences d'une adorable camarade de promo, qui m'avait confié à l'époque que ses parents étaient franco-espagnols et qu'ils s'étaient rencontrés à Londres, et que leur belle histoire bilingue et biculturelle était toujours d'actualité plusieurs décennies plus tard. Et chaque fois que j'y ai repensé depuis, j'ai espéré de tout coeur que notre couple franco-américain prenne le même chemin. Je suis tellement ravie et reconnaissante de voir qu'une simple rencontre aléatoire dans un pub irlandais de Lyon a pu changer ma vie pour toujours. Et de voir que ma présence ici aux Etats-Unis est toujours d'actualité, et n'a de raison d'être que parce que nous sommes toujours ensemble. Alors merci la vie, de ta clémence. Merci, mon amour, de ta présence. Et puissent cette vie internationale et ce doux bliss durer toujours...
mardi 19 janvier 2021
L'année de tous les espoirs
jeudi 24 décembre 2020
Et puis...Noël.
L'année aura été longue, et riche en émotions. Je me revois encore au réveillon l'an passé, la tête emplie de bonheur des cris et des rires des enfants, cousins et amis, espérant pouvoir agrandir notre famille un jour et ne sachant pas que Joséphine venait juste de s'installer discrètement dans mon bidon. Je me revois entourée de ma famille française, avec une belle tablée, des plats savoureux à foison et une ambiance animée. J'aurais presque un peu de nostalgie à l'évocation de ces bons souvenirs, mais l'excitation de Noël est bien présente aujourd'hui malgré tout. Cette année, la crise sanitaire rend les choses nettement plus intimes. Nous sommes entre nous, tous les quatre, trois à table et en attente du Père Noël avec impatience. Le menu est simple mais devrait régaler nos papilles. J'ai hâte une fois encore de voir Amaury déballer ses paquets, excité et ravi, et de lire dans ses yeux l'émerveillement du haut de ses quatre ans et demi. Je me souviens de cette sensation du matin de Noël, où lorsqu'on est enfant on espère et on attend des monceaux de cadeaux et ses jouets préférés. Maintenant adulte, j'ai la chance de revivre ces belles émotions à travers les yeux de mes enfants, et bien sûr cela n'a pas de prix. D'ici demain et le grand déballage, un traditionnel verre de lait et un cookie vont trouver leur place sur le piano, prêts à régaler Santa lors de son passage. Et puisque la pandémie nous prive de grandes réunions familiales, je vous souhaite à tous et du fond du coeur et où que vous soyez, famille, amis, connaissances, lecteurs fidèles et internautes anonymes de passage sur ce blog, un très joyeux Noël...