Dans ce grand pays que sont les Etats-Unis, les armes à feu font partie de la vie de la majorité des citoyens. D'après une étude de 2017 du Graduate Institute of International and Development Studies basé à Genève, les américains possèdent 120.5 armes à feu par 100 habitants, soit plus d'une arme par personne, à comparer à nos 19.6 en France (source à retrouver ici). C'est donc le pays du monde où les civils sont les plus armés, et aussi un pays qui est confronté aux shootings de masse. Plus de 600 fusillades ont été reportées aux Etats-Unis en 2020, en grande progression depuis l'année précédente. Et les écoles ne sont pas exemptes de ce fléau. En Floride, pas très loin de chez nous à Parkland, un jeune forcené de 19 ans avait tué 17 personnes et blessé bon nombre d'autres en 2018 dans un lycée. Alors les écoles ont depuis mis en place des entraînements pour se préparer à réagir en cas de survenue d'une attaque à l'arme à feu. Pour se prévenir des tueries de masse, des protocoles d'exercices ont été adoptés au même titre que les exercices d'évacuation en cas d'incendie. Cette année dans l'une de mes écoles, ce ne sont pas moins de quatre exercices qui ont été planifiés. La semaine passée, j'ai dû me barricader dans ma classe avec deux petits loulous de grande section, terrorisés, dans le noir, et sans bruit, pour nous préparer à l'éventualité d'un tireur dans l'école. Inutile de préciser que les élèves en question étaient un peu inquiet à l'issue de l'entraînement, et il nous a fallu débattre de la nécessité de l'exercice et de l'improbabilité qu'un tireur réel ne surgisse dans notre établissement. Mais pourtant, je ne peux m'empêcher de me montrer incrédule devant les pouvoirs publics qui sont incapables de répondre de façon efficace à la gangrène des armes à feu. La possession d'une arme à feu est protégée par le deuxième amendement de la constitution américaine. La NRA (National Riffle Association) est extrêmement puissante et fournie un lobbying drastiquement efficace pour promouvoir la vente d'armes à feu. 44 états sur 50 ont des lois locales qui garantissent le droit de posséder et de porter une arme. Et bon nombre d'entre eux n'ont pas de restrictions de port d'arme, même en cas de maladie mentale ou d'antécédents de violence, et n'ont pas de règles sur l'achat et la détention d'armes de guerre. Un citoyen de 18 ans peut donc allègrement acheter un fusil d'assaut, aller voter pour choisir son président, et cela alors même qu'il n'est pas encore légalement autorisé à se procurer et à boire de l'alcool (ce qui est un autre débat). Alors concrètement qu'est-ce que cela signifie pour nous au quotidien ? Dans notre cercle familial et amical, la quasi-totalité des personnes ne possèdent pas d'armes à feu. Mais il suffirait d'interroger des Floridiens du fin fond de la Floride, vivant à la campagne et n'ayant pas accès à une éducation universitaire, pour trouver des statistiques drastiquement opposées. Dans l'une de mes écoles, le crossing guard est armé. Mais les professeurs ne sont -fort heureusement- pas autorisés à venir en cours avec une arme, même si le débat avait été lancé après la tuerie de Parkland. D'ailleurs entre nous, je n'imagine même pas un enseignant, au bord du burn-out, face à des élèves insolents, être autorisé à apporter un revolver en cours, car je visualise très bien comment les choses pourraient mal finir. Quoi qu'il en soit, je suis maintenant prête à agir et je connais le protocole sur le bout des doigts s'il survenait une fusillade sur mon lieu de travail. En attendant, je croise les doigts pour que les choses évoluent finalement et que des lois beaucoup plus strictes soient mises en place dans l'intégralité des états américains. Et pour que ce genre de active shooter drill ne soit plus une nécessité dans nos écoles...
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