© Elise Connors 2019. All Rights Reserved Worldwide.

Droits d'auteur : L'intégralité de ce blog est la propriété de son auteure. Toute reproduction, partielle ou totale, ne peut se faire sans son accord écrit préalable. Le délit de plagiat ou contrefaçon expose à trois ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amende (article L335-2 du code de la propriété intellectuelle)

vendredi 27 septembre 2019

Chronique de gériatrie

La transition s'est faite facilement. Comme un poisson dans l'eau, j'arpente désormais les couloirs de l'hôpital, d'un service à l'autre, pour me rendre au chevet de mes patients. Il y a eu ceux qui ont été touchés par un AVC, qui réapprennent doucement à manger et à parler. Il a a eu ceux pour qui mon travail s'est fait auprès des équipes médicales ou de la famille, pour accompagner une fin de vie. Il a a eu ces premières bouchées, ces premières gorgées en reprise alimentaire, qui ont changé une hospitalisation. Il y a eu ce patient, fraichement débarqué d'une chirurgie maxillaire lourde dans le cadre d'un cancer, qui a pu remanger progressivement des textures moins mixées, et qui me dit chaque jour que j'ai changé sa vie. Il y a eu ces sourires, ces mains serrées, et ces séances de rééducation efficaces. Il y a eu aussi celles qui n'étaient pas au bon moment, prévues sur un temps de repos du patient, presque comme un cheveu sur la soupe, mais qui ont pourtant porté leurs fruits. Il y a eu les bonnes journées (presque toutes les journées), et puis les moins bonnes. Hier était une journée très particulière, celle où j'ai perdu un patient. Mon premier patient depuis mon dernier poste en neurologie. En tant que soignant, et à fortiori en gériatrie, on connait parfaitement les tenants et les aboutissants du métier. On connait les risques et les désillusions de travailler avec une population médicalement fragile. On sait pertinemment que nos malades sont plus près de la fin de leur vie que du début. On se protège, on se prépare, on évite d'y penser autant que possible. Mais lorsqu'un décès survient, de façon plus ou moins prévisible, il est impossible d'être complètement détaché. Les soignants ne sont pas des robots. Nos émotions font partie intégrante de notre profession. On peut être pragmatique. On peut être fataliste. Mais on ne peut pas faire semblant de ne pas être atteint. J'ai perdu ce patient cette semaine, ce monsieur qui m'a souri de toutes ses dents lors de ma dernière visite. Ce monsieur qui avait traversé près d'un siècle et deux guerres mondiales, et connu la vie avant l'électricité et la modernité. J'ai perdu ce patient et cela m'a émue. J'ai perdu ce patient mais j'ai participé à sa toute fin de vie. J'ai perdu ce patient et je vais sans doute en perdre d'autres, mais je me souviendrai toujours de cette expérience bouleversante, ce type d'expérience à double tranchant qui peut faire vaciller et grandir en même temps. J'adore mon métier, pour les bons et les mauvais jours, et je n'en changerais pour rien au monde...

vendredi 6 septembre 2019

Back to work


L'été s'est achevé, les vacances aussi, et j'ai repris le chemin du travail, dans une toute nouvelle équipe, à l'hôpital de Fourvière. C'est un hôpital gériatrique où je ne vais suivre que des patients seniors, hospitalisés pour une durée plus ou moins longue en SSR ou en unité de soins de longue durée. Ma première semaine s'est plutôt bien passée. Les collègues sont accueillants et le cadre de travail est très appréciable (juste derrière la cathédrale de Fourvière, classée monument historique et visitée par plus de deux millions et demi de visiteurs chaque année). Le trajet domicile-bureau est relativement facile pour une ville, avec le métro et le funiculaire. Le métro a d'ailleurs connu quelques problèmes de panne cette semaine, mais j'ai pu facilement me rabattre sur une nouveauté technologique : la trottinette électrique. J'ai fait quelques trajets sur ces engins au cours des derniers jours, que je juge très pratiques, très fonctionnels, mais passablement dangereux. En ce qui concerne mon nouvel emploi d'orthophoniste, je n'ai eu aucune difficulté pour me retrouver comme un poisson dans l'eau. Mon activité principale consiste à évaluer les troubles de la déglutition, sujet que je maîtrise vraiment bien.  J'ai une nouvelle collègue orthophoniste qui est vraiment super, et je me réjouis de travailler dans de telles conditions. Cette dernière semaine a aussi été ponctuée par la rentrée d'Amaury à l'école, qui s'est faite très très très en douceur (et c'est le moins qu'on puisse dire). Il a été accueilli ça et là pour de courtes durées, mais jamais pour une journée complète. Logan a donc dû prendre une semaine de plus sans travailler pour s'occuper de lui, car je débutais à l'hôpital précisément à ce moment-là. Son groupe classe est relativement grand, beaucoup plus grand qu'initialement annoncé, et cela va lui faire un sacré changement, lui qui est plutôt habitué à être avec huit ou neuf camarades seulement. Lundi, la véritable rentrée va se faire pour lui, avec le début de la garderie, de la cantine, et des journées complètes. D'ici là, nous continuons à prendre nos marques dans notre belle ville de Lyon. Il a été très compliqué que de trouver un médecin traitant qui accepte de nouveaux patients, mais cela semble chose faite. Ne reste plus qu'à planifier les activités de la rentrée pour toute la famille. Logan a déjà trouvé sa salle de sport, Amaury est inscrit à un cours d'éveil musical, tandis que j'espère de mon côté pouvoir prendre un cours d'espagnol ou me remettre à une activité physique. Histoire de supplémenter les kilomètres de marche à pied que je fais déjà quotidiennement...

Les fameuses trottinettes électriques

dimanche 1 septembre 2019

L'ouragan Dorian

Les prévisions de Jeudi (qui ne sont fort heureusement plus d'actualité)
Bien qu'étant à des milliers de kilomètres, il est pourtant facile de s'inquiéter pour la Floride et les ouragans qui peuvent s'y abattre. Cette semaine, l'ouragan Dorian est attendu à proximité des côtes, et sa trajectoire est encore incertaine. Initialement très inquiétante, elle n'a fait que d'évoluer au fur et à mesure des jours, et le scénario catastrophe s'est peu à peu atténué. Nos amis, voisins et collègues sont toujours à Miami, et ils se sont préparés au pire. Les stations services ont été prises d'assaut, l'état de Floride a décrété l'état d'urgence et les habitants se sont rués sur les magasins pour amasser des vivres et de l'eau pour 7 jours. Petit-à-petit, la mégalopole de Miami s'est prise à espérer échapper à ce monstre de catégorie 4, attendu tellement lent (4 miles par heure) qu'il pourrait submerger d'eau et de vent la région entière. Miami est pratiquement au niveau de la mer, de même que toute la Floride du Sud qui n'a aucune élévation. Entre les prévisions de jeudi, totalement inquiétantes, et celle d'aujourd'hui, un monde d'écart se dessine. La trajectoire est maintenant prévue au ras des côtes, mais pas sur les terres floridiennes. Dorian pourrait ainsi remonter plus au nord en direction de la Caroline du Nord et ne causer que des dégâts dans la région de Palm Beach, une heure au nord de Miami. Dans tous les cas, nous restons pendus aux prévisions météorologiques du National Hurricane Center, avec des mises à jour toutes les 6 heures qui peuvent changer très rapidement. De leur côté, nos locataires ont préparé la maison, rentré une partie du mobilier de jardin, et prévu de quoi tenir sans eau, vivres et électricité pendant une semaine. La maison a aussi a un toit neuf et des fenêtre anti-ouragans, qui n'ont jamais été réellement mis à l'épreuve. Le dernier ouragan dévastateur dans la région était Andrew en 1992, et il avait à l'époque détruit la Floride du Sud et emporté des milliers de maison à quelques kilomètres de chez nous. Et nous croisons les doigts pour que cet aléa climatique ne touche personne sur son passage et qu'il aille se perde dans l'Atlantique d'ici quelques jours...

Les prévisions d'aujourd'hui, moins inquiétantes mais à surveiller de près