Il me faudrait des pages et des pages de ce blog pour détailler ma vie d'orthophoniste ici. Il n'y a pas une mais un bon millier de façon d'exercer la profession d'orthophoniste sur le sol américain. De même qu'en France, la speech and language pathologist (ou SLP dans le jargon local) prend en charge les troubles de communication (au sens large) et d'alimentation des nouveaux-nés aux vieillards du quatrième âge. Si mon expérience passée a concerné majoritairement les troubles neurologiques adultes, mon expérience présente est bien différente. Ici, l'orthophoniste exerce en milieu scolaire, et c'est tout à fait normal. Plus de la moitié des thérapeutes américaines passent au moins une partie de leur temps dans les écoles. L'autre partie exerce en salariat (hôpitaux, institutions, centres de recherche...). Seule une infime partie des orthophonistes exercent en libéral. La faute au système de remboursement des soins, beaucoup plus compliqué que notre bonne vieille sécurité sociale, qui requiert l'emploi d'une personne qualifiée à plein temps pour gérer la paperasse et les relations avec les assurances de santé. En milieu scolaire, l'orthophoniste ne prend pas du tout en charge les troubles des apprentissages (dyslexie, dyscalculie, et dyspraxie par exemple). Les instituteurs spécialisés s'en occupent, et pourtant, il reste pas mal de travail aux orthophonistes. J'aide par exemple les enfants à acquérir un vocabulaire adapté, à savoir suivre des consignes verbales, à améliorer leur morpho-syntaxe et à gérer les troubles pragmatiques. Mes petits élèves (ici, ils ne sont pas considérés comme des "patients") sont bègues, autistes, infirmes moteurs cérébraux, dysphasiques, et ils cumulent (souvent) les troubles DYS. Chaque enfant bénéficie d'un IEP (individualized education plan), qui détaille les accommodations fournies par l'école pour que l'enfant soit accueilli dans une scolarité "normale". Par exemple, les enfants dyslexiques reçoivent les services de l'instituteur spécialisé lors des temps de lecture dans une salle à part, tout en restant avec les autres enfants le reste du temps. Ils ont des aménagements de temps pour les examens, la lecture des énoncés verbalement, et d'autres petits moyens de compensations qui leur permet de progresser. De mon côté, j'interviens majoritairement dans une salle de classe où je vois les enfants individuellement ou en groupe. Les groupes sont assez aléatoires, en fonction de l'emploi du temps (je ne peux pas les voir pendant les heures de matières fondamentales, comme l'anglais et les mathématiques). Les groupes de travail apportent des avantages, mais aussi de nombreux inconvénients. Je reçois régulièrement des emails d'orthophonistes françaises qui aimeraient s'installer ici, et qui me demandent quelles sont les procédures à suivre. Je n'ai malheureusement pas toujours le temps de leur répondre, mais je les invite à lire ma page spéciale qui apporte quelques informations (à lire ici). Et qui dit planning scolaire, dit vacances scolaires (bon c'est vrai, carrément moins qu'en France !). Du coup, j'attends le Spring Break avec impatience...
Chroniques franco-américaines d'une petite frenchy au pays de l'oncle Sam
Bonjour,
RépondreSupprimerTes articles sont très intéressants. Je souhaiterais être orthophoniste aux Etats Unis mais me demande si l'accent pose un problème (je me dis qu'être rééducateur de la parole sans parler parfaitement une langue n'est peut être pas une bonne idée). Comment t'es tu débrouillée ? parles tu parfaitemement anglais et sans accent ? les études d'ortho sont elles difficiles aux US ? Peut-on par la suite faire reconnaitre son diplome américain en France si par hasard je souhaiterais revenir plus tard ici ? Merci d'avance pour ton aide précieuse !