La carte des attaques à l'arme à feu dans des écoles américaines depuis le début de l'année 2018 (source : CNN) |
J'avais déjà évoqué ce sujet brûlant récemment dans un article à retrouver ici. Mais depuis, d'autres tueries ont eu lieu dans des écoles américaines, poursuivant un débat totalement improductif entre pro et anti armes à feu. L'une de ces attaques a eu lieu aujourd'hui dans l'Indiana, blessant deux personnes. La semaine dernière, dix personnes ont été tuées à Santa Fe au Texas. Une semaine avant, c'était en Californie qu'un jeune homme de quatorze ans avait ouvert le feu dans son ancien lycée avec une arme semi-automatique. Si les lycéens de Parkland et d'autres écoles touchées par ce fléau continuent à monter au créneau, peu d'avancées législatives sont encore à noter. Le durcissement des lois pour autoriser la vente d'armes à des jeunes de moins de vingt-et-un ans n'y changerait rien, car les assaillants sont souvent de jeunes mineurs, loin d'avoir l'âge légal de se procurer des armes. Et il est toujours possible d'acheter des armes de guerres, normalement utilisées par l'armée, légalement, un peu partout. La NRA (National Rifle Association) poursuit son lobbying destructif et lucratif, sans que rien ni personne ne puisse s'y opposer. Parallèlement, la sécurité dans les écoles publiques est renforcée un peu plus chaque jour. Hier, nous avons eu droit à un énième entraînement pour se préparer à une éventuelle attaque armée à l'école. Ce lockdown drill, code rouge pour les intimes, se passe en trois temps. Le premier, celui de l'annonce officielle du principal de l'école, dans les micros et à plein volume, demandant de se barricader dans nos classes et salles de travail (ce qui en soit est déjà relativement inquiétant, surtout si l'on n'a pas eu à priori connaissance de la survenue d'un exercice, et que l'on conserve toujours un léger doute sur la véracité d'une réelle tuerie). Le second temps, d'une durée de quatre à cinq minutes, où l'on éteint les lumières, où l'on garde le silence et où l'on patiente. Le troisième, celui d'une nouvelle annonce officielle de la fin de l'exercice. Si toutefois l'exercice se transformait en situation réelle, il me faudrait protéger les enfants derrière des tables renversées à la verticale, ou se coucher par terre pour esquiver les balles. Un scénario peu réjouissant, mortifiant, glaçant, et, bien que peu probable, pas fondamentalement impossible. Hier, pendant l'exercice, j'avais la chance de me retrouver avec mes élèves de Pre-K, qui ont entre quatre et cinq ans, et qui écoutent relativement bien mes consignes. Mais si ça avait été mon groupe de Kindergarteners, plus âgés mais dont trois sur quatre sont autistes, avec des troubles plus ou moins sévères du comportement et des réactions absolument imprévisibles, ça n'aurait pas été une si mince affaire. Le pire dans cette histoire, c'est que le danger potentiel se poursuit et se majore au lieu de s'atténuer. A défaut de mieux contrôler les armes en circulation et les armes à la vente, les autorités pensent à armer les enseignants qui le souhaitent à condition de recevoir une formation adaptée. Autant dire qu'avec le burn-out et la lassitude de certains de mes collègues, exaspérés par des élèves dissipés et horripilants, il n'est pas impossible qu'un jour l'un d'entre eux s'aliène et ne craque, faisant usage de son flingue, celui-là même qui est censé protéger les enfants...
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